L’acteur américain Morgan Freeman a interdiction de pénétrer sur le territoire russe. Son nom figure sur une liste de personnalités américaines, incluant notamment le président Joe Biden, sanctionnées par la Russie sur fond de guerre en Ukraine. Mais pourquoi le comédien de 84 ans est-il ainsi visé ?

C’est une longue liste de 963 personnalités, qui comprend certains des dirigeants du monde politique ou économique les plus puissants des États-Unis : le président Joe Biden, le secrétaire d’État (l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken, ou encore Mark Zuckerberg, le président-directeur général de Meta, la maison mère de Facebook, entre autres.

Tous ces Américains ont désormais interdiction d’entrer en Russie, a annoncé le ministère des Affaires étrangères russe, samedi 21 mai 2022. Une conséquence de la guerre en Ukraine. La mesure a été prise en réaction au soutien apporté par les États-Unis au pays envahi par l’armée russe depuis le 24 février dernier. Et dans cette longue liste de personnalités, figure aussi le nom de… l’acteur américain Morgan Freeman, 84 ans. Une star à Hollywood, que l’on a notamment vu dans les films Lucy de Luc Besson ou Seven de David Fincher.

« Réponse aux sanctions » 

Depuis le début de l’offensive à grande échelle menée contre l’Ukraine, les États-Unis ont pris d’importantes sanctions contre Moscou et fourni une aide militaire conséquente à Kiev. En réaction, la Russie a elle-même pris des sanctions contre des personnalités américaines et canadiennes, leur interdisant l’entrée sur leur territoire. 

Toutes les personnes nommées dans la liste sont désormais « interdites d’entrée en Fédération de Russie de manière permanente », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Cette décision a été prise « dans le cadre de la réponse aux sanctions anti-russes constamment imposées par les États-Unis », entre autres raisons.

Les autorités russes disent faire la distinction entre d’une part « le peuple américain, que nous respectons toujours », disent-elles, et d’autre part « les autorités américaines, qui incitent à la russophobie » et « ceux qui les servent ». Précisant : « Ce sont ces personnes qui figurent sur la “liste noire” russe. » 

En cause, une vidéo de 2017 

Mais pourquoi Morgan Freeman figure-t-il sur cette « liste noire », pour reprendre le terme utilisé par la diplomatie russe ? L’explication est également donnée par le ministère des Affaires étrangères : en 2017, l’acteur « a enregistré un message vidéo accusant la Russie de conspirer contre les États-Unis et appelant à combattre notre pays ».

La vidéo avait été publiée à l’époque par le Committee To Investigate Russia, une organisation non gouvernementale américaine dont le but est « d’aider les Américains à prendre conscience de la gravité des attaques continues de la Russie contre notre démocratie ».

Une référence à l’élection présidentielle américaine de 2016, remportée par l’ex-président Donald Trump, dans lesquelles « l’État russe s’est immiscé » d’une « façon vaste et systématique », soulignait le rapport du procureur spécial Robert Mueller en 2019.  Au sujet de ces ingérences, Morgan Freeman disait ceci dans la vidéo publiée en 2017, de sa voix chaude, profonde et posée, le regard fixé sur l’objectif de la caméra : « Nous avons été attaqués. Nous sommes en guerre. » À l’époque, les mots du célèbre comédien avaient déjà fait vivement réagir les médias d’État russes et ceux soutenant le Kremlin, comme le soulignait alors la BBC, la radiotélévision britannique.