« Stealthing » : au Canada, le retrait du préservatif sans consentement devient un crime sexuel

« Stealthing » : au Canada, le retrait du préservatif sans consentement devient un crime sexuel
Source : ELLE
02/08/2022 16:45

Une bonne nouvelle pour tous.tes les Canadien.nes. Vendredi 29 juillet, la Cour suprême a estimé qu'un retrait du préservatif sans consentement pouvait être qualifié d'agression sexuelle, et donc être considéré comme un crime par la justice.   

« Il s’agit d’une évolution importante pour les femmes et les autres personnes qui ont des relations sexuelles avec des hommes », s'est réjouie dans les colonnes du « Washington Post » Isabel Grant, professeure de droit spécialisée dans les violences et agressions sexuelles. 
 
Cette avancée découle d’un long feuilleton juridique porté jusqu’à la Cour suprême. En 2017, Ross McKenzie Kirkpatrick, accusé par une femme d’avoir eu un rapport sexuel non protégé, et ce malgré ce qu’il avait convenu avec la plaignante, a d’abord été acquitté en première instance. À l’époque, le juge estimait que les preuves manquaient pour savoir si la jeune femme n’avait pas consenti « à tous les actes physiques de relations sexuelles auxquels les parties s’étaient livrées » ou que l’accusé avait fait preuve de malhonnêteté.
 
UNE AFFAIRE PASSÉE DEVANT LA COUR SUPRÊME
 
L’histoire ne s’arrête pas là. En désaccord avec le jugement rendu, la Cour d’appel de la province de Colombie-Britannique avait ordonné la tenue d’un nouveau procès. C’est donc à la Cour suprême du Canada que l’accusé s’était adressé afin d’être définitivement acquitté. Finalement, la plus haute instance juridique du pays a rendu une décision inédite.
 
« Lorsque le port du préservatif est une condition à la relation sexuelle, il fait partie de l’activité sexuelle à laquelle la personne a consenti », a estimé la Cour suprême après avoir voté, par cinq voix contre quatre, que l’entorse au rapport protégé lorsqu’il était convenu entre les deux parties était désormais considéré comme une agression sexuelle.
 
« Un plaignant qui consent à des relations sexuelles à la condition que son partenaire porte un préservatif ne consent pas à des relations sexuelles sans préservatif, souligne quant à elle la juge Sheilah Martin. Puisque seul oui veut dire oui et que non veut dire non, “non, pas sans préservatif” ne peut vouloir dire “oui, sans préservatif”. »
 
UNE AVANCÉE RARE À TRAVERS LE MONDE
 
Ailleurs dans le monde, le « stealthing » (en français : « discrètement » ou « furtivement ») n'est généralement pas considéré comme un viol. Aux États-Unis, la Californie est devenue, en octobre 2021, le premier État à rendre cette pratique illégale, mais en donnant seulement la possibilité aux victimes de demander des dédommagements, et non de porter plainte au pénal. Dans quelques pays en Europe cependant, tels que le Royaume-Uni ou la Suisse, des tribunaux ont eu recours à des condamnations pour ce genre de pratiques.
 
La France, quant à elle, a encore beaucoup de retard sur la question. Malgré les demandes répétées des associations, un flou juridique persiste sur la définition du « stealthing », qui n’est toujours pas reconnu comme un viol.

 

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