La fauconnerie (chasse au faucon) représente un patrimoine marocain authentique et une tradition séculaire pratiquée depuis près de deux siècles dans la région de Lakouassem à Oulad Frej, relevant de la province d'El Jadida.

Il s’agit d'un héritage marocain propre au Royaume, qui le distingue dans la région de l'Afrique du Nord, et continue d'être transmis de génération en génération par les Chorfas de Lakouassem, originaires de la péninsule arabique.

Ainsi, la chasse avec ces oiseaux de proie est restée omniprésente dans les diverses manifestations, notamment les cérémonies de mariage, les moussems (Moulay Abdellah Amghar..) et les fêtes nationales (Fêtes de l'Indépendance, du Trône et de la Jeunesse...) ainsi que dans les grandes manifestations (Salon du cheval).

Dans ce cadre, l'association des fauconniers de Oulad Frej joue un rôle prépondérant en la matière puisqu'elle veille à la préservation de cet art de la chasse afin de l'inculquer aux générations montantes.

Créée en 1984, cette association est considérée comme l'une des structures associatives ayant largement contribué à la promotion de ce patrimoine, de même qu'elle a joué un rôle majeur aux côtés de communautés et groupes concernés dans 11 autres pays, pour le classement de cette pratique comme patrimoine mondial de l'UNESCO à Nairobi (Kenya) le 16 novembre 2010.

La liste des pays concernés par la sauvegarde de ce patrimoine culturel immatériel compte aujourd'hui plus de 22 pays, dont le Qatar, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, la Syrie, la Mongolie, la Corée, la Tchéquie, la France, l'Espagne, la Belgique, la république de Corée, l'Italie, l'Autriche, l'Allemagne et la Hongrie.

L'UNESCO a, par ailleurs, proclamé le 16 novembre de chaque année Journée internationale de la fauconnerie, une occasion de célébrer ce patrimoine humain vivant inscrit sur sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel.

Dans une déclaration à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP, Mohamed Ghazouani, président de l’association des fauconniers de Oulad Frej, a indiqué que l'Association Internationale pour la Fauconnerie et la Conservation des Oiseaux de Proies (IAF), présidée par l'Emirati Majid Ali Al Mansouri, comprend 82 pays intéressés par l'élevage et la chasse au faucon, mais seulement 22 y sont classés. L'un des objectifs de cette organisation est de préserver les rapaces de l'extinction et leur protection contre les maladies, a-t-il dit.

La fauconnerie est réglementée aussi par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) signée à Washington en 1973 et à laquelle le Maroc a adhéré aux côtés d'autres Etats, a rappelé M. Ghazouani, notant que cette Convention vise à classifier les animaux et les plantes qui sont menacés ou en voie d'extinction selon le degré de danger qui les entoure, dont les faucons, les lions et les léopards.

Cette Convention interdit également l'importation, l'exportation, le commerce ou la chasse des faucons sans permis (possession d'un certificat de propriété) pour leur préservation, a-t-il poursuivi.

M. Ghazouani a relevé que le Maroc a le grand privilège d'abriter des faucons, car il s'agit d'un patrimoine ancestral, comme en témoigne plusieurs dahirs et documents datant de l'année 1352, délivrés par le Roi de Grenade aux fauconniers marocains depuis le règne du Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah, soulignant que le Royaume disposait d’un hôpital comprenant un service dédié aux oiseaux.

A cela s'ajoutent le Dahir du Sultan Hassan Ier de 1885, qui exonère les fauconniers de Lakouassem à Ouled Frej des impôts, le Dahir de Moulay Abdelhafid de 1910, qui renouvelle le Dahir de Hassan Ier, et le Dahir de feu Sa Majesté Mohammed V de 1960.

La tribu Lakouassem se démarque aussi par le fait d'être propriétaire du faucon, sachant que certaines familles vont même jusqu'à léguer cette propriété à leur progéniture en vue de préserver l'existence de cet oiseau de proie, et de faire connaître cet héritage marocain à travers la participation à des manifestations à l'intérieur du pays et à l'étranger.

Cette tribu participe, en outre, à la dynamisation de l'activité touristique en attirant les amateurs de la fauconnerie pour leur enseigner les méthodes de chasse au faucon, en plus de leur faire découvrir la région.

L'association des fauconniers de Oulad Frej a pour mission, entre autres, de développer les performances des fauconniers et de garantir l'avenir de la chasse au faucon, tout en œuvrant à sa promotion, sa protection et sa valorisation.

À cet égard, M. Ghazouani a expliqué que l'association œuvre, en plus de l'enseignement et de la préservation de ce métier, à créer des projets de développement respectueux de l'environnement, dont la mise en place d'une réserve pour les oiseaux protégés, les oiseaux nicheurs et les proies utilisées dans l'opération de chasse ainsi que de circuits touristiques, étant donné que l'élevage des faucons est très coûteux.

Par ailleurs, le Maroc entretient des relations étroites avec les États du Golfe dans ce domaine, puisque les fauconniers de Lakouassem participent chaque année aux manifestations organisées au Qatar et aux Émirats arabes unis, tandis que la tribu Lakouassem accueille ses homologues de ces pays frères, pour organiser des concours et des sorties de chasse au faucon et au sloughi.

De son côté, l'Association des fauconniers œuvre pour organiser la 7ème édition du festival annuel des faucons dans la tribu de Lakouassem, l’été prochain, après sa suspension, deux années durant, en raison de la pandémie du Covid-19, sans oublier que les fauconniers prennent part à nombre de festivals étrangers au Portugal, aux Émirats arabes unis, au Qatar et au Bahreïn, et participent à plusieurs longs métrages et films documentaires.