Avec une récolte prévue de plus de 90 000 tonnes, dont 80 000 destinées à l’export, la filière marocaine de l’avocat est en plein boom. Les variétés « Zutano », « Fuerte » et « Bacon » remplissent déjà les camions en partance pour l’Europe, tandis que la très attendue « Hass » arrivera plus tard dans la saison. Cet essor économique génère des emplois, notamment dans les régions côtières de Larache et Moulay Bousselham, où la demande de main-d’œuvre est forte.
Mais derrière ce succès se cache une question cruciale : la gestion de l’eau. Alors que les experts estiment que produire un kilogramme d’avocats nécessite 2 000 litres d'eau, le débat fait rage sur l'impact environnemental de cette culture.
Un défi environnemental sous-estimé ?
La consommation d'eau des avocatiers inquiète. Alors que le monde s'approche d'une crise hydrique, avec près de 5 milliards de personnes potentiellement touchées par des pénuries d’ici 2050, le Water Footprint Network met en garde contre l'empreinte hydrique de l'avocat. Comparée à d'autres cultures comme les oranges ou les tomates, la culture de l’avocat consomme jusqu’à quatre fois plus d’eau.
Les professionnels du secteur, toutefois, réfutent ces inquiétudes. L’Association marocaine de l’avocat assure que les zones de Loukkos et Gharb, proches de l’océan Atlantique, ne souffrent pas de manque d’eau, et que la culture de l’avocat n'épuiserait pas les ressources locales. Le débat reste ouvert, entre besoins économiques et préservation des ressources naturelles.
Vers une agriculture durable ?
Alors que le climat tempéré de cette saison a permis une récolte de haute qualité, propice aux exportations, les défis à long terme persistent. La culture de l’avocat, comme celle des amandes, est fortement consommatrice d'eau, notamment dans les zones arides où l’irrigation est indispensable. Chaque hectare d’avocatiers peut nécessiter jusqu’à 100 000 litres d'eau par jour, soulevant la question de la durabilité de ces pratiques agricoles.
Face à ces enjeux, l'ONG WaterAid avertit : à l'heure où le changement climatique perturbe les cycles de l’eau, des pratiques agricoles intensives pourraient mettre en péril la sécurité alimentaire et la gestion des ressources à long terme. Le défi est de taille pour concilier croissance économique et protection de l'environnement.