Lundi, lors de la séance plénière consacrée au tourisme, Rim Chabat, élue du Parti des forces démocratiques, a déclenché une tempête politique en fustigeant la gestion du secteur à Fès-Meknès. Son réquisitoire, ciblant directement le chef du gouvernement Aziz Akhannouch et la ministre du Tourisme Fatim-Zahra Ammor, a immédiatement suscité une réaction ferme de Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants. Ce dernier l’a saisie pour « violation des dispositions de la Constitution », invoquant les articles 135 et 141 pour justifier son renvoi devant la Commission d’éthique.
Le discours de Chabat portait notamment sur la dégradation du transport urbain à Fès, une problématique qu’elle juge incompatible avec les ambitions touristiques du Maroc. Mais cet argument a été contesté par la majorité, qui rappelle que la gestion des transports relève des collectivités locales, et non du gouvernement central. Pour les soutiens de la députée, cette convocation est une tentative de museler l’opposition.
« Si poser des questions qui dérangent devient une faute éthique, où va-t-on ? », interroge un parlementaire sous couvert d’anonymat. Du côté de la majorité, on défend la décision de Talbi Alami : « Les parlementaires doivent respecter les règles institutionnelles et se limiter à leurs prérogatives. »
Le tollé provoqué par Chabat coïncide avec un débat national sur l’état des transports publics. Le lendemain, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a annoncé un programme de modernisation du transport urbain. Doté d’un budget de 11 milliards de dirhams, ce projet prévoit l’acquisition de 3.746 nouveaux bus et la refonte du modèle de gestion dans 37 collectivités locales.
À Fès, où Rim Chabat a dénoncé la vétusté du réseau, l’attente est grande. Les habitants déplorent des retards chroniques, des bus bondés et un service peu fiable. « On veut attirer des touristes, mais nos transports sont un cauchemar », s’indigne un commerçant du centre-ville.
Au-delà des transports, l’affaire Rim Chabat illustre les tensions entre gouvernement et opposition. La Commission d’éthique doit trancher prochainement. En cas de sanction, la députée pourrait écoper d’un blâme, voire d’une suspension.