Le président américain a déclenché la tempête en imposant des droits de douane punitifs : 25 % sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, et 10 % sur celles de la Chine. Officiellement, ces mesures visent à freiner l’immigration clandestine et le trafic de fentanyl. Mais pour Ottawa et Mexico, c’est une trahison des principes de coopération économique établis depuis des décennies sous l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
La riposte n’a pas tardé. Justin Trudeau a annoncé des représailles tarifaires sur 155 milliards de dollars d’importations américaines, ciblant notamment l’alcool et les produits agricoles. « Ces actions nous divisent au lieu de nous unir », a-t-il fustigé, appelant les Canadiens à consommer local. De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a rejeté les accusations de collusion avec des cartels, promettant des tarifs de rétorsion sur des secteurs clés de l’économie américaine.
Au-delà des tensions diplomatiques, ces décisions pourraient perturber les préparatifs du Mondial 2026. L’événement repose sur une coopération logistique étroite entre les trois pays organisateurs. Or, les matériaux de construction, l’équipement sportif et les investissements conjoints sont directement menacés par ces nouvelles barrières commerciales.
Le secteur de l’énergie est particulièrement vulnérable. Le Canada, principal fournisseur de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis, subit désormais une taxe de 10 % sur ses exportations. Une hausse des coûts qui pourrait se répercuter sur les infrastructures sportives, les transports et les services logistiques nécessaires à l’accueil des millions de supporters attendus.
Une étude du Budget Lab de Yale prévoit un impact direct sur le pouvoir d’achat des Américains, avec une perte moyenne de 1 170 dollars par foyer. L’inflation, loin de reculer comme promis, pourrait s’aggraver, affectant les prix des matériaux de construction, des denrées alimentaires et des véhicules.
Pour les experts, ces tensions risquent de compromettre les contrats de sponsoring, de perturber le transport des équipes et même de compliquer l’obtention des visas pour les supporters étrangers. « Si ces tensions perdurent, elles pourraient nuire à l’image même du tournoi », avertit un économiste du Boston Institute for International Trade.
Les Démocrates critiquent déjà cette politique. Chuck Schumer, chef de file au Sénat, a prévenu : « Vous vous inquiétez du prix des voitures ? Attendez de voir les tarifs de Trump sur le Canada. Vous redoutez le prix des tomates ? Attendez les taxes sur le Mexique ! »
Reste à savoir si la passion du football parviendra à surmonter ces obstacles économiques. La Coupe du Monde 2026sera-t-elle le symbole d’une Amérique du Nord unie, ou celui de nations divisées par des intérêts protectionnistes ? Réponse dans les prochains mois.