Dans une arène où les voix scandent habituellement les exploits sportifs, une autre forme de clameur a résonné dimanche soir. Au-dessus du virage rouge, une banderole simple, directe : « Justice pour Saïd Naciri ». Derrière ces mots, une campagne née sur les réseaux sociaux, aujourd’hui portée haut par les Winners, groupe ultras du Wydad Casablanca.
Cette prise de position publique marque un tournant. La mobilisation dépasse désormais le cadre numérique pour s’inscrire dans l’espace public, au cœur du mythique stade Mohammed-V. Le football, miroir d’une société en tension, devient l’écho d’un débat judiciaire aux ramifications multiples.
Incarcéré depuis plusieurs mois, Saïd Naciri, ex-parlementaire et président emblématique du WAC, est au centre d’un vaste dossier judiciaire. Les chefs d’accusation sont graves : falsification de documents, escroquerie, trafic d’influence, participation présumée à un réseau de trafic de drogues et opérations financières suspectes en devises étrangères. Un faisceau de charges qui a fait basculer l’homme fort du Wydad de la tribune présidentielle à la cellule de détention.
Mais pour une frange de ses fidèles, la loyauté reste intacte. Le slogan “Justice pour Naciri” s’affiche comme une revendication, peut-être un cri d’injustice, peut-être une manière de défendre une figure controversée. Au-delà du soutien personnel, c’est aussi l’image du club qui se joue ici, tiraillée entre attachement populaire et devoir d’exemplarité.