Premiers accords. Silence dans la salle. La voix de Carmen Suleiman s’élève, nette, limpide. “Ya Gamalak” ouvre le bal avec une douceur maîtrisée. Le public se laisse porter, suspendu à chaque mot. Puis l’ambiance bascule. “Habayt El Raqs” fait vibrer la salle. Les corps s’animent, les applaudissements fusent.
La chanteuse joue avec les nuances. Elle passe du murmure à la puissance, du classique à l’électrique. La technique est là, mais c’est l’émotion qui frappe.
Au cœur de la soirée, un geste fort. Carmen Suleiman, drapée dans un caftan marocain, s’enveloppe du drapeau national. La scène devient hommage. Un clin d’œil à la culture locale, incarné par deux reprises : “Hiya Hiya” de Hajja El Hamdaouia et “Ana jit j’en ai marre” de Najat Aatabou.
Le public répond, debout, ému. La rencontre musicale devient échange. Pas de décor superflu. Juste une voix, un geste, une connexion.
Autre moment fort : l’arrivée de Sami Chrayti. Le jeune artiste marocain rejoint Carmen pour un duo inédit. Deux générations, deux styles, une même scène. L’harmonie est immédiate. L’instant dépasse le chant. Il annonce une continuité. Une promesse pour la musique arabe contemporaine, ouverte, libre, en mouvement.
Carmen Suleiman plonge ensuite dans le répertoire d’Oum Kalthoum. Le public suit, attentif, transporté. Elle alterne entre hommage et innovation, sans rupture. Sa voix, outil de navigation, traverse les époques sans faiblir. Ce n’est pas un simple concert. C’est un pont entre les temps. Une performance qui dépasse le cadre du spectacle pour devenir transmission.
Révélée en 2012 par Arab Idol, Carmen Suleiman a depuis construit une trajectoire solide. Succès populaires, distinctions culturelles, choix assumés. Elle incarne une voix de l’époque, ancrée dans la tradition, tournée vers demain.
En lançant la 20ᵉ édition de Mawazine, elle inscrit son nom dans l’histoire d’un festival devenu rendez-vous mondial. Du 20 au 28 juin, Rabat et Salé vibreront encore. Neuf jours pour célébrer la musique sans frontières.