Le fisc marocain passe à l’offensive. La Direction générale des impôts (DGI) mène une vaste opération de contrôle sur des milliers d’entreprises soupçonnées de fraude. Objectif : récupérer des sommes éludées via des retraits bancaires suspects effectués par les sociétés et leurs gérants.
Dans le viseur de l’administration fiscale, des entreprises dites « non actives », mais qui ont utilisé leur identifiant fiscal pour conclure des marchés avec des institutions publiques. Une contradiction flagrante qui a déclenché l’alerte.
Traque après échéance
La loi de finances 2024 avait donné jusqu’à fin décembre dernier pour une régularisation volontaire. Beaucoup n’ont pas saisi cette opportunité. Depuis, la DGI a déclenché les hostilités. Les contrôles se sont intensifiés. Factures, contrats, relevés bancaires : les agents ont mis la main sur des preuves d’activités non déclarées.
Les gérants, eux aussi, sont dans le collimateur. Leurs avoirs immobiliers et mobiliers sont scrutés. Grâce aux échanges électroniques de données avec d’autres administrations, le fisc cartographie leur patrimoine et prépare les saisies.
Dix ans de redressement
La DGI a décidé de remonter jusqu’à dix années d’activité pour les sociétés n’ayant jamais déposé de déclaration fiscale. Résultat : les redressements se chiffrent en centaines de millions.
À ce jour, plus de 867 millions de dirhams ont été recouvrés. Et l’opération est loin d’être terminée. Les vérifications continuent à travers plusieurs villes du Royaume. Les entreprises épinglées devront régler non seulement les impôts dus, mais aussi les pénalités de retard : 5 % pour le premier mois, puis 0,50 % pour chaque mois supplémentaire.
Ces retraits suspects ne sont pas sans effet sur le système bancaire. Le déficit moyen de liquidité s’est creusé de 12,2 % entre le 3 et le 9 juillet, atteignant 135,6 milliards de dirhams. Une pression supplémentaire sur les équilibres financiers.