Le Maroc compte 91 hôpitaux publics sur un total de 171 services autonomes. Selon le rapport SEGMA 2024-2025, ces établissements concentrent 66 % des dépenses publiques du dispositif, confirmant leur poids central dans la politique de santé nationale.
Leur taux global de couverture des dépenses par les recettes propres a atteint 103,8 %, soit une progression de 11 points en un an. Une performance budgétaire saluée, mais qui masque encore des failles profondes : manque de personnel, lenteurs administratives, maintenance défaillante et qualité de service inégale selon les régions.
Pression accrue sur les services hospitaliers
Le taux d’hospitalisation s’élève à 3,46 %, tandis que celui des césariennes atteint 12,33 %, dépassant la recommandation de l’OMS (10 %). Des chiffres qui traduisent à la fois une meilleure accessibilité et une forte pression sur les infrastructures.
En 2024, neuf nouveaux centres d’hémodialyse ont vu le jour, dépassant largement les objectifs fixés. Dans le même temps, plus de 5.000 patients ont été pris en charge grâce au partenariat public-privé, une bouffée d’air pour des hôpitaux souvent saturés.
Modernisation en marche, qualité à la traîne
Les efforts de modernisation se poursuivent : services d’urgence renforcés, nouveaux équipements médico-techniques et mise en œuvre progressive de l’AMO TADAMONE, moteur de la couverture médicale généralisée.
Mais sur le terrain, la qualité reste hétérogène. Plusieurs Centres Hospitaliers Régionaux se préparent à une accréditation nationale, encore embryonnaire. Le défi est clair : passer d’une logique de moyens à une culture de résultats.
2026 : l’année du test pour la réforme hospitalière
La feuille de route 2026 mise sur la sécurisation et la qualité des soins. Elle prévoit la mise en place de plans d’urgence hospitaliers, le renforcement du personnel dans les services critiques et une refonte des contrats de sous-traitance impactant le confort des patients.
Autre axe majeur : la gestion des risques sanitaires et la décentralisation des décisions, deux leviers pour rendre l’hôpital public plus réactif et moins bureaucratique.
Autonomie financière, mais dépendance structurelle
Avec un taux de couverture financière de 114 %, les hôpitaux SEGMA prouvent qu’ils peuvent générer leurs propres ressources. Reste à savoir si cette autonomie se traduira en investissements concrets : digitalisation, modernisation des plateaux techniques et meilleure coordination régionale.
Le constat du rapport est sans détour : le système hospitalier marocain avance, mais à petits pas. 2026 devra confirmer que les réformes ne s’arrêtent plus aux bilans comptables, mais qu’elles atteignent enfin le cœur du sujet — la qualité des soins pour tous.


