Tour d'Afrique à Vélo : MeghyLost, une Marocaine pas comme les autres

Tour d'Afrique à Vélo : MeghyLost, une Marocaine pas comme les autres
Source : SEFIANI Karim
08/03/2024 14:50

Meryem Belkihel est l'exemple concret que les rêves peuvent, et se doivent d'être réalisés.  

Cela fait plus d'une année, depuis janvier 2023, que Meryem Belkihel, 28 ans, a entrepris le voyage de sa vie : un tour d'Afrique en solitaire, à vélo, en Afrique, avec comme destination finale la Tanzanie. 16 000 kilomètres plus tard et 18 pays traversés, elle est aujourd'hui arrivée en Angola et se rapproche de la fin de son périple. En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, zoom sur ce voyage pas comme les autres, entrepris par une Marocaine pas comme les autres.
 
Il y a des défis que l'on ne se pense pas capables de réaliser, tout le contraire de MeghyLost, qui, maillot du Maroc sur le dos, a décidé de combattre tous les préjugés que l'on peut se faire sur la femme, sur le continent africain et sur l'Afrique subsaharienne.
 
18 pays, une femme, un vélo
 
Depuis son départ du Maroc, cette aventurière en herbe a traversé la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et Conakry, la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, et la RDC, avant de se retrouver aujourd'hui en Angola.
 
Avec comme compagnon de route sa caméra, avec laquelle elle documente son périple sur ses réseaux et sur YouTube sous forme de vlogs, Meryem a combattu pas mal d'adversités pour en arriver là où elle en est aujourd'hui. Que ce soient les conditions climatiques, les soucis de santé (trois fois la malaria), des vols, des blessures et égratignures, rien n'aura eu raison de la détermination de cette battante au cœur pur.
 
Quand nous l'avons interviewée en janvier dernier, elle était en Côte d'Ivoire, ayant laissé son vélo en RDC, pour venir soutenir la sélection nationale marocaine de football dans les gradins. Voici ce qu'il est ressorti de notre interview.
 
***
 
Qu'est-ce qui a motivé ce voyage ?
 
Déjà de base, j'aime voyager. Je suis toujours intéressée par la culture africaine, j'aime aussi la nature, les montagnes. J'ai décidé de combiner ces 3 en un seul voyage.
 
Quels sont les meilleurs moments que tu as vécus ?
 
Plusieurs rencontres. Aussi quand j'ai vu les gorilles et les éléphants. Ce sont des choses qu'on ne voit qu'à la télévision. Donc vivre ce que tu vois à la télé, ou ce que tu lis, c'est différent. C'était plus ou moins ça.
 
Les moments les plus difficiles ?
 
La route durant la saison des pluies. Il y a aussi la maladie des fois qui rend le voyage difficile, surtout quand tu as une infection. J'ai eu la malaria 3 fois, une infection, d'autres infections dentaires. Mais j'ai toujours trouvé comment et où me soigner.
 
Le pays qui t'a le plus marquée ?
 
Nigéria ! C'était très spécial pour moi côté humain. Les gens m'ont vraiment bien traitée. En plus, le Nigéria n'est pas un pays très sécurisé. Mais Hamdoulilah, tout s'est bien passé pour moi.
 
Quelles sont les routes les plus difficiles que tu as empruntées ?
 
C'était plutôt le Cameroun, entre la Côte d'Ivoire et le Ghana aussi. Mais ce n'est pas forcément parce que les routes ne sont pas bonnes, mais surtout parce que j'ai décidé de prendre des petites routes, pour profiter des paysages, avec la saison des pluies c'était un peu difficile. Mais généralement, il y a des bonnes routes. Je ne dis pas que toutes les routes sont impraticables, bien au contraire. C'est juste que j'ai moi-même décidé de prendre des routes qui étaient difficiles.
 
Quid du financement ?
 
Pour le financement, j'ai économisé au début, avant le voyage. J'ai économisé pendant 3 ans. Mais après il y a eu le Covid, j'ai dû rester un an au Maroc. Après j'ai lancé mon merch, j'y vends des T-Shirts et des hoodies. J'ai créé un store sur mon site. Et après il y a eu le sponsoring avec Orange.
 
Tu portes la majorité du temps un maillot du Maroc, dis-nous en peu plus.
 
Le maillot du Maroc je le porte toujours ! Déjà, parce qu'on est bien aimé en Afrique. Et aussi parce que les gens en Afrique sont des connaisseurs de football, ils connaissent les Hakimi, Ziyech, etc. Ce qui fait que ça facilite les discussions.
 
Que voudrais-tu te dire à toi-même quand tu rentreras au Maroc ?
 
Quand je rentrerai chez moi, je veux me dire que j'ai réussi à le faire et que je peux être fière de moi. Mais je serai aussi reconnaissante que ce périple se soit bien passé, que j'ai pu montrer aux gens ce que l'Afrique peut offrir, et que c'est un continent où il y a l'hospitalité, l'accueil, la nature, une diversité d'animaux et la sécurité. Que ce n'est pas un continent où il n'y a que des guerres, mais bel et bien un continent à découvrir. Et que cela puisse pousser les gens à entreprendre des voyages en Afrique.
 
Et à celles et ceux qui ont peur de voyager en Afrique ?
 
Venez !! Ce n'est pas un continent qui est différent des autres. Déjà, on est des Africains, par rapport aux autres pays, à part l'Afrique du Nord, l'Afrique subsaharienne c'est aussi des pays où vous pouvez avoir une très belle expérience en tant que touriste, les gens sont hyper sympas, il n'y a pas de racisme, il n'y a pas tant de problèmes que ça. Faut juste faire attention, comme partout, le soir ou au niveau des quartiers risqués. À part ça, il n'y a pas de différence entre visiter des pays européens et des pays d'Afrique subsaharienne.
 
***
 
Ainsi, avec ce périple, Meryem Belkihel brise les préjugés avec chaque coup de pédale en Afrique, surtout ceux que l'on peut se faire sur le continent et ses femmes. Ce faisant, son tour à vélo de 16 000 kilomètres à travers 18 pays est bien plus qu'une aventure physique, c'est un acte de bravoure qui transcende les stéréotypes.
 
À travers ces vents contraires, ces intempéries, ces défis sanitaires et ces routes ardues, MeghyLost a ainsi tracé son itinéraire, non seulement pour elle-même, mais aussi, peut-être, pour toutes les femmes de l'Afrique qu'elle a sillonnée. Elle porte fièrement le Maroc en elle, prouvant aussi que le sport et la passion peuvent être des catalyseurs pour l'échange culturel.
 
En rentrant au Maroc, elle pourra se dire avec fierté qu'elle a accompli l'impossible, ouvert des horizons nouveaux et réalisé ses rêves, et nous, nous devrions peut-être nous demander pourquoi nous n'avons pas osé réaliser les nôtres.

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