EXOTIQUE. La mouche suzukii détruit les vergers de cerisiers, les scolytes mettent à bas les plus beaux fûts des forêts du nord-est de la France, l’ambroisie provoque l’hospitalisation de milliers de Français, les rats noirs impactent les récoltes de céréales, la jussie étouffe les marais et handicape l’aquaculture. La liste est longue des méfaits des espèces exotiques invasives rien que pour l’Hexagone. Pour la première fois, une équipe française a tenté d’évaluer l’argent perdu dans le monde du fait de ces plantes et animaux qui ont réussi à s’implanter et proliférer en dehors de leur pays d’origine. Leur évaluation publiée ce 31 mars dans Nature est pharamineuse. 1288 milliards de dollars (1100 milliards d’euros) ont été perdus par l’économie mondiale entre 1970 et 2017.
Des atteintes à la biodiversité locale
Pour être exotique et invasive, une espèce doit venir d’une autre région de la planète, réussir à s’établir dans la nouvelle zone et avoir un impact négatif sur la biodiversité locale. "Sur 100 espèces introduites accidentellement, dix seulement vont réussir à s’adapter mais comme elles arrivent dans un milieu où toute la place est occupée, leur succès se fait au dépend des espèces autochtones", précise Franck Courchamp, chercheur au laboratoire "Ecologie Systématique Evolution" (Paris Saclay, CNRS, AgroParisTech). Outre l’atteinte à la biodiversité locale, les nouveaux arrivants s’attaquent à l’agriculture, aux forêts, aux infrastructures et bâtiments, au tourisme, des activités qui n’ont pas l’habitude de les affronter et se trouvent donc démunies de défenses. C’est l’homme via ses voyages et le commerce international qui est le principal outil de diffusion. Il y a ainsi 14.000 espèces exotiques en Europe dont 5000 sont considérées comme envahissantes. Tous les groupes taxonomiques, des champignons aux mammifères en passant par les insectes ou les batraciens sont représentés. "Ce phénomène pose d’énormes problèmes écologiques et économiques et pourtant il est peu reconnu comme un problème majeur", regrette Franck Courchamp.
EXOTIQUE. La mouche suzukii détruit les vergers de cerisiers, les scolytes mettent à bas les plus beaux fûts des forêts du nord-est de la France, l’ambroisie provoque l’hospitalisation de milliers de Français, les rats noirs impactent les récoltes de céréales, la jussie étouffe les marais et handicape l’aquaculture. La liste est longue des méfaits des espèces exotiques invasives rien que pour l’Hexagone. Pour la première fois, une équipe française a tenté d’évaluer l’argent perdu dans le monde du fait de ces plantes et animaux qui ont réussi à s’implanter et proliférer en dehors de leur pays d’origine. Leur évaluation publiée ce 31 mars dans Nature est pharamineuse. 1288 milliards de dollars (1100 milliards d’euros) ont été perdus par l’économie mondiale entre 1970 et 2017.
Des atteintes à la biodiversité locale
Pour être exotique et invasive, une espèce doit venir d’une autre région de la planète, réussir à s’établir dans la nouvelle zone et avoir un impact négatif sur la biodiversité locale. "Sur 100 espèces introduites accidentellement, dix seulement vont réussir à s’adapter mais comme elles arrivent dans un milieu où toute la place est occupée, leur succès se fait au dépend des espèces autochtones", précise Franck Courchamp, chercheur au laboratoire "Ecologie Systématique Evolution" (Paris Saclay, CNRS, AgroParisTech). Outre l’atteinte à la biodiversité locale, les nouveaux arrivants s’attaquent à l’agriculture, aux forêts, aux infrastructures et bâtiments, au tourisme, des activités qui n’ont pas l’habitude de les affronter et se trouvent donc démunies de défenses. C’est l’homme via ses voyages et le commerce international qui est le principal outil de diffusion. Il y a ainsi 14.000 espèces exotiques en Europe dont 5000 sont considérées comme envahissantes. Tous les groupes taxonomiques, des champignons aux mammifères en passant par les insectes ou les batraciens sont représentés. "Ce phénomène pose d’énormes problèmes écologiques et économiques et pourtant il est peu reconnu comme un problème majeur", regrette Franck Courchamp.
Le risque d'introduction d'espèces invasives augmente
PRUDENCE. Pour arriver à leur résultat, les chercheurs principalement français ont construit une méthodologie baptisée Invacost, première compilation mondiale des études scientifiques sur le montant des dégâts causés par ces plantes et animaux. "Après lecture de 20.000 références bibliographiques, nous avons mis en place un cadre d’analyse qui nous a permis de sélectionner les résultats les plus fiables en matière d’estimation des coûts induits par ces espèces", détaille Christophe Diagne, premier auteur de l’article de Nature. Ainsi, 55% des études ont été éliminées parce peu étayées au niveau scientifique ou issues de sources fragiles. Cette approche très prudente amène pourtant à un montant vertigineux qui ne reflète cependant pas la réalité. "Les pertes financières sont au moins quatre fois plus importantes", estime Franck Courchamp.
Plus inquiétant encore : les invasions sont de plus en plus nombreuses et les succès d’implantation plus importants. Le commerce mondial ne faiblit pas et les occasions pour une espèce de rentrer sur un territoire national se multiplient malgré les services de prévention vétérinaire et phytosanitaire qui, aux aéroports et dans les ports, contrôlent les marchandises entrantes. Par ailleurs, le changement climatique fournit aux espèces tropicales des conditions plus favorables pour leur implantation dans les zones plus tempérées. C’est le cas notamment du moustique tigre, porteur potentiel des virus de la dengue et du chikungunya, qui colonise aujourd’hui toute la moitié sud du territoire français.
Le chat parmi les espèces les plus destructrices!
Selon l’étude, les coûts économiques doublent tous les 6 ans, triplent à chaque décennie. En 2017, dernière année étudiée, les dégâts se sont élevés à 160 milliards d’euros. Parmi les espèces les plus impactantes figurent en premier les insectes dont les ravages sont principalement attribuables aux moustiques et à leur impact sanitaire. Viennent ensuite deux mammifères, les rongeurs et plus surprenant leur ennemi intime, le chat.
Arrivé en France aux XVIIIe siècle depuis sa région d'origine d'Asie, le rat agit aussi bien sur les récoltes de céréales que comme transmission de maladies pour l’homme comme la toxoplasmose ou la leptospirose. En Asie, il est responsable de 1,9 milliard de dollars de pertes de récoltes tous les ans. Le chat lui, a un impact fort sur les oiseaux tant dans les milieux insulaires où l’homme l’a introduit accidentellement que comme animal de compagnie. Ainsi aux Etats-Unis, leur prédation des oiseaux est estimée à plusieurs milliards de dollars par an.
L’un des enseignements les plus importants de l’étude, c’est que l’investissement dans des systèmes de contrôle, d’alerte et de prévention de l’établissement d’une nouvelle espèce invasive coûte dix fois moins cher que les frais de réparation des milieux impactés et d’indemnisation des secteurs économiques déplorant des pertes. L’article de Nature n’établit pas de comparaisons entre pays. Mais les chercheurs français se sont intéressés à la situation dans l’Hexagone. "Les constats sont d’une telle ampleur que nous avons décidé de produire une étude à part qui sera remise aux autorités nationales", annonce Franck Courchamp. Ce travail devrait être diffusé dans les deux prochains mois.