Pépita sort du silence, avec fracas. « En choisissant ces images, ils se sont complètement trompés de cible », affirme-t-elle au journal « Le Parisien »  dans un entretien publié jeudi. « Ils », c’est l’émission Quotidien, qui a partagé, mardi soir, quelques archives de ce jeu culte diffusé de 1991 à 2003 sur France 2. « Asseyez-vous là, sur mes genoux !», « Elle est pulpeuse avec son citron », « C’est à force de manger des bananes » : cette compilation de remarques dirigées vers Pépita, co-animatrice, a choqué les internautes. 

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Les réactions ne se sont pas fait attendre et le hashtag #Pépita était en tendance dès le lendemain sur Twitter.  Beaucoup ont dénoncé la « misogynoir » dont était victime l’animatrice, mélange de racisme et de sexisme visant les femmes noires. « C’est pas que “ce n’était pas facile tous les jours pour elle”, c’est qu’elle a été victime de mysoginoir à une époque où la télévision était infecte —et qui n’a que très peu changée », expliquait par exemple la journaliste Jennifer Padjemi sur son compte.   

« On en riait entre nous, de bon cœur »  

La polémique a poussé Pépita à réagir, cinq ans après avoir donné sa dernière interview médiatique. Lorsqu’elle a vu les extraits, elle explique qu’elle est « montée en pression » et était « très en colère ». « J’en tremblais. J’en pleurais de rage. Ils parlaient du non-respect des femmes […] mais la réalité n’était pas du tout celle-là », s’énerve-t-elle. Selon elle, tout ça n’était que plaisanterie : « il suffit de regarder la séquence dans son intégralité pour comprendre qu’elle n’était pas du tout raciste. On en riait entre nous, de bon cœur. Il n’y avait aucun malentendu ni sous-entendu », affirme-t-elle. Elle décrit une ambiance enfantine et familiale sur le plateau, un endroit où elle n’a « jamais vécu le manque de respect, la misogynie ou le racisme ».  

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Pépita se dit très énervée contre Quotidien qui a voulu « salir » Pyramide. « On va où là ? Qui sont-ils pour parler à ma place ? Il n’y a que moi qui puisse dire si j’ai subi ou pas quelque chose ! ». Surtout, TMC ne l’aurait pas « prévenu » de la diffusion d’un tel montage. « On ne m’a pas demandé mon avis. […] Ça m’a fait beaucoup de mal que ces images sortent comme ça. Depuis la diffusion, je passe ma vie au téléphone, je n’ai pas dormi pendant deux jours », confesse-t-elle sur le plateau de TPMP jeudi soir.  

« On va où là ? Qui sont-ils pour parler à ma place ? Il n’y a que moi qui puisse dire si j’ai subi ou pas quelque chose ! »

« Laisser place à la parole de la principale concernée » 

L’interview de Pépita a laissé dubitative de nombreuses personnes qui avaient dénoncé le caractère raciste et sexiste des extraits de Pyramide. « On peut être victime de racisme et l’internaliser. On le répète tout le temps ici. C’est ce que fait de mieux cette société patriarcale, elle te fait croire en te donnant une toute petite place pour exister que tu es au-dessus de la mêlée », analyse sur Twitter @Miladytay, une journaliste.  

Bien que beaucoup ne comprennent pas la réaction de l’animatrice,  la journaliste féministe Rokhaya Diallo souligne dans un tweet l’importance de « laisser place à la parole de la principale concernée ». « Je ne comprends pas nécessairement ce qui l’anime mais n’ayant pas son vécu, je la respecte », conclut-elle.