Viser les sommets est une seconde nature pour Annalena Baerbock, ancienne championne de trampoline. Cette écologiste déterminée relève aujourd'hui son défi le plus audacieux en portant les espoirs des Verts pour accéder à la chancellerie. Elle sera la plus jeune des candidats à la chancellerie et la seule femme parmi les trois principales formations, face aux prétendants de la droite et des sociaux-démocrates. 

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À seulement 40 ans, c'est elle et non Robert Habeck, son charismatique partenaire à la tête du parti, longtemps favori, qui sera la cheffe de file des Grünen pour les élections législatives du 26 septembre. Juste avant Noël, Annalena Baerbock avait suscité la surprise en affichant ses ambitions. « Je fais confiance à Robert (Habeck) pour être chancelier. Mais je me fais aussi confiance pour la chancellerie », avait averti la quadragénaire. 

« Quasiment sortie de nulle part » 

Depuis que le duo Baerbock-Habeck a pris les rênes des Verts en janvier 2018, le second est celui qui charme et qui brille quand la première, juriste, spécialiste de droit international, fourbit ses arguments, peaufine ses dossiers, que ce soit sur la sortie du charbon dans la région du Brandebourg, où elle est élue, ou sur le financement de l'Otan.  

L'ancien ministre des Affaires étrangères (1998-2005), Joschka Fischer, figure tutélaire des Verts allemands, le concède : « pour moi, elle est quasiment sortie de nulle part ». Pourtant lors de la réélection du duo à la tête du parti en 2019, elle obtient un meilleur score que Robert Habeck (97,1% contre 90,4%) et même le meilleur résultat jamais enregistré par un dirigeant Verts. 

« Annalena, ce sont les racines de notre arbre. Certaines fleurs de Robert se faneraient rapidement sans elle », assure Claudia Roth, vice-présidente du Bundestag, grande figure de cette formation longtemps turbulente et aujourd'hui largement entrée dans le rang. 

Dans l’intimité, Annalena Baerbock est mère de deux petites filles. Elle vit à Potsdam, à la périphérie de Berlin et a parrainé financièrement un réfugié syrien qui a pu obtenir un visa pour l'Allemagne. Alors que le coronavirus afflige la planète et contraint les écoles à fermer en Allemagne, elle égratigne les décisions gouvernementales et insiste sur la difficulté de concilier, en tant que jeune mère, télétravail et enseignement à la maison. 

Ancienne sportive de haut niveau  

Pour tenter de cerner un peu plus Annalena Baerbock, il faut se rendre... sur un trampoline. La politique y effectue de très impressionnants saltos après quelques chandelles. Cette ancienne sportive de haut niveau fut triple médaille de bronze aux championnats d'Allemagne de la discipline. Également footballeuse, l'écologiste qui milite pour « une prospérité respectueuse du climat » voit des similitudes entre le sport et la politique. 

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Dans ces deux domaines, « il faut être vraiment courageuse », juge-t-elle dans un documentaire de la chaîne publique NDR. « À chaque nouvelle figure qu'on apprend, on ne sait pas si on va atterrir sur la tête ou les pieds. » Après avoir déserté les gymnases en raison de blessures chroniques, la jeune femme qui a grandi dans une ferme de Basse-Saxe envisage d'abord une carrière dans le journalisme. Mais sa trajectoire bifurque après un stage auprès d'un député européen Verts. 

Elle prend sa carte du parti en 2005, l'année où les écologistes, partenaires gouvernementaux minoritaires des sociaux-démocrates, quittent le pouvoir. C'est aussi l'année où Angela Merkel entre à la chancellerie, la première femme dans l'histoire allemande. Seize ans plus tard, l'adhérente est depuis près de huit ans députée au Bundestag, élue dans une circonscription du Brandebourg. 

Avant cela elle a dirigé de 2009 à 2013 la section de cet État régional qui entoure Berlin. Mais son CV n'évoque aucune expérience ministérielle, même au niveau régional, faisant dire aux voix caustiques qu'elle n'est pas rompue aux arcanes de la négociation, indispensable dans une coalition gouvernementale. Cependant, elle a une partie de la presse de son côté : plusieurs journaux dont la Süddeutsche Zeitung s'étaient prononcés en faveur de sa candidature. Pour le Spiegel, elle incarne « une femme (...) qui veut et peut beaucoup mais qui devrait se détendre un peu ».