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Au Pakistan, le gouvernement donne la main au Parlement pour décider du sort de l’ambassadeur français

Dans le sillage d'une violente campagne anti-France menée par le parti islamiste radical TLP, le gouvernement pakistanais a annoncé mardi qu'une motion réclamant l'expulsion de l'ambassadeur de France serait présentée à l'Assemblée nationale afin de décider du sort du diplomate.

Les partisans du parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) manifestent après l'arrestation de leur chef suite à ses appels à l'expulsion de l'ambassadeur de France, à Lahore, le 19 avril 2021
Les partisans du parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) manifestent après l'arrestation de leur chef suite à ses appels à l'expulsion de l'ambassadeur de France, à Lahore, le 19 avril 2021 © AFP
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Le ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed a déclaré, mardi 20 avril, que le gouvernement pakistanais allait demander un vote au Parlement mardi pour décider d'expulser ou non Marc Baréty, l'ambassadeur de France, dans une tentative d'apaiser un parti islamiste radical qui a menacé de poursuivre une violente campagne pour obtenir son renvoi.

Le parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) a accepté d'annuler ses manifestations dans tout le pays, a précisé le ministre de l'Intérieur. Des responsables du TLP ont cependant indiqué à l'AFP que les manifestations se poursuivraient.

Ces derniers ont notamment assuré que la marche prévue sur Islamabad à partir de mardi minuit aurait bien lieu, à moins que l'ambassadeur français ne soit expulsé d'ici là.

Les motions portant sur des questions sensibles relatives à la foi musulmane sont souvent adoptées à l'unanimité au Parlement. Cette motion n'est toutefois pas contraignante et il reviendra au gouvernement de décider de l'appliquer ou non. Les gouvernements successifs ont souvent, dans le passé, ignoré de pareilles résolutions.

Affrontements meurtriers

Le TLP est à l'origine d'une campagne anti-France depuis que le président français Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression. Il s'était exprimé lors de l'hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de représentations du prophète Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo.

Les manifestations ont dégénéré en affrontements meurtriers avec la police depuis une semaine dans tout le pays. Elles ont été déclenchées par l'arrestation de Saad Rizvi, le chef du TLP, quelques heures après son appel à une marche le 20 avril à Islamabad pour réclamer l'expulsion de l'ambassadeur français.

Plusieurs policiers ont été tués et 11 ont été détenus en otages pendant plusieurs heures par des militants du TLP, près de la mosquée du parti à Lahore (Est) où des centaines de ses sympathisants sont encore rassemblés.

Le TLP affirme que plusieurs de ses partisans ont été tués et un grand nombre blessés.

L'ambassade de France avait appelé jeudi ses ressortissants à quitter provisoirement le pays, un appel qui semble pour l'instant avoir été largement ignoré. Lundi, elle a demandé à ceux qui ont choisi de rester d'éviter les rassemblements et d'observer "la plus grande prudence".

"Apaiser les forces radicales n'est pas chose aisée"

Le gouvernement a annoncé mercredi que le TLP serait désormais interdit, le qualifiant de groupe terroriste, et a arrêté des milliers de manifestants durant les heurts. Mais Sheikh Rashid Ahmed a précisé mardi qu'aucune poursuite ne serait intentée à leur encontre, y compris pour ceux arrêtés dans le cadre de la législation anti-terroriste.

L'islam dans son interprétation stricte interdit toute représentation de Mahomet et la question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où elle transcende les frontières entre les partis.

Des analystes estiment que la politique d'apaisement du Premier ministre pakistanais, Imran Khan, à l'égard du TLP est risquée, car cela pourrait encourager ce parti à continuer de recourir à la violence dans un but politique.

"Je pense que le Premier ministre a compris qu'apaiser les forces radicales n'est pas chose aisée, parce que quand vous tentez de les satisfaire, ils demandent encore plus. Jusqu'ici, il a échoué à maintenir l'équilibre", a ainsi estimé pour l'AFP l'expert sécuritaire Amir Rana.

Avec AFP et Reuters

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