Oublions la méritocratie, tout dépend de la tanière dans laquelle on atterrit. Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) vivent en meute dont la taille varie de quelques individus à une centaine en fonction des ressources alimentaires disponibles. Elles forment une société matriarcale où les hyènes de haut-rang ont un accès privilégié aux proies, et ce n’est pas le seul avantage à être bien placé socialement dans la meute, selon une étude parue le 16 juillet 2021 dans la revue Science. Les jeunes hyènes issues de parents "haut-placés" auront tendances à répliquer le comportement social de leur mère dans leurs futures interactions sociales, et à rester davantage avec les individus issus du même rang.
Ce genre de transmission se retrouve chez d’autres espèces telles que le macaque rhésus (Macaca mulatta), ou l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) et a été bien documenté lors d’études observationnelles. Mais dans cette étude, les chercheurs se sont basés sur 73.767 interactions entre hyènes sur près de 27 ans, afin de dégager des schémas sociaux grâce à un modèle théorique développé lors d’une étude précédente. "Nous savions que la structure sociale des hyènes est basée en partie sur le rang de chacune dans la hiérarchie agonistique (ensemble des conduites liées aux confrontations de rivalité entre individus, ndlr), dont nous savons qu'il est hérité des mères", déclare dans un communiqué Erol Akcay, co-auteur de l'étude et professeur associé à la School of Arts & Sciences de Penn. "Mais ce que nous avons découvert, à savoir que les interactions affiliatives (à un groupe), ou amicales, sont également héritées, n'avait pas été démontré."
Un héritage acquis
Oublions la méritocratie, tout dépend de la tanière dans laquelle on atterrit. Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) vivent en meute dont la taille varie de quelques individus à une centaine en fonction des ressources alimentaires disponibles. Elles forment une société matriarcale où les hyènes de haut-rang ont un accès privilégié aux proies, et ce n’est pas le seul avantage à être bien placé socialement dans la meute, selon une étude parue le 16 juillet 2021 dans la revue Science. Les jeunes hyènes issues de parents "haut-placés" auront tendances à répliquer le comportement social de leur mère dans leurs futures interactions sociales, et à rester davantage avec les individus issus du même rang.
Ce genre de transmission se retrouve chez d’autres espèces telles que le macaque rhésus (Macaca mulatta), ou l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) et a été bien documenté lors d’études observationnelles. Mais dans cette étude, les chercheurs se sont basés sur 73.767 interactions entre hyènes sur près de 27 ans, afin de dégager des schémas sociaux grâce à un modèle théorique développé lors d’une étude précédente. "Nous savions que la structure sociale des hyènes est basée en partie sur le rang de chacune dans la hiérarchie agonistique (ensemble des conduites liées aux confrontations de rivalité entre individus, ndlr), dont nous savons qu'il est hérité des mères", déclare dans un communiqué Erol Akcay, co-auteur de l'étude et professeur associé à la School of Arts & Sciences de Penn. "Mais ce que nous avons découvert, à savoir que les interactions affiliatives (à un groupe), ou amicales, sont également héritées, n'avait pas été démontré."
Un héritage acquis
Les hyènes juvéniles restent proches de leur mère durant les deux premières années de leur vie. Ainsi, le lien social entre les mères et leurs petits sont assez similaires au départ. Toutefois, les chercheurs ont remarqué que même lorsque les jeunes cessent de passer du temps à proximité de leur mère, ils conservent des liens sociaux assez similaires avec d’autres individus, en particulier pour les femelles, qui restent généralement membres du clan toute leur vie. "Nous avons des données qui montrent que la similarité des interactions sociales des mères et celles de leur progéniture, en particulier la progéniture féminine, était encore très élevée après environ six ans", explique Amiyaal Ilany, premier auteur de ce travail et chercheur à l’université de Bar-llan en Israël. Cette tendance est particulièrement forte pour les mères de rang supérieur, pour lesquelles l'héritage social est le plus fort du groupe. A l’inverse, les enfants de mères de rang inférieur sont moins susceptibles de reproduire le type d’interactions sociales de leur mère, essayant peut-être de compenser leurs origines plus modestes en s'associant à une plus grande variété d'individus. "C’est assez intuitif, ce genre de choses arrivent également chez l’humain, nous héritons de connexions sociales, et de nombreuses recherches en sciences sociales montrent que cela a une énorme influence sur la trajectoire de vie des gens," déclare Erol Akçay.
Un impact sur l’histoire de vie
L'héritage des comportements sociaux constitue la pierre angulaire de la pérennité de la structure sociale du groupe chez la hyène tachetée. En effet, la stabilité d'un groupe a des implications sur la façon dont les comportements sont appris et diffusés au sein de ce dernier, mais assure aussi un meilleur taux de survie et de reproduction. Les chercheurs ont constaté que les jeunes dont les liens sociaux sont les plus proches de leurs mères vivaient plus longtemps : "Si vous êtes né d'une mère de rang inférieur, vous avez moins de chances de survivre et de vous reproduire" atteste Erol Akçay. L'une des raisons pour laquelle l'héritage des interactions sociales fonctionne mieux pour les hyènes de haut rang que pour celles de bas rang peut venir du fait que les femelles de bas rang ont tendance à partir seules plus souvent afin d’éviter la compétition avec les hyènes de haut rang. Leurs petits ont donc moins de possibilités d'apprentissage que les petits des femelles de haut rang. Pour les hyènes tachetées, pas d’ascenseur social donc.