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TEMOIGNAGE. "Epicier depuis sept ans, je suis devenu écrivain publié par une grande maison d'édition"

Après des années d'errance à Roubaix, Djamel Cherigui n'imaginait pas devenir romancier à succès. Son premier livre est largement inspiré de son incroyable parcours.

Djamel Cherigui
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Djamel Cherigui a la générosité des gens du Nord et l'humilité de ceux qui n'ont pas conscience de leur talent. Pourtant, tous les critiques littéraires sont unanimes. Son premier ouvrage, intitulé La Sainte Touche (éd. JC Lattès), a été un événement. Or rien ne le prédestinait à embrasser cette carrière. Fils de Kabyles, né à Roubaix dans le Nord, Djamel s'intéresse assez tôt à l'histoire, à la musique classique et à la lecture. A l'école, il est bon élève, mais dissipé et turbulent.

"J'avais des capacités, mais dès qu'il a fallu fournir un effort, en classe de première, j'ai arrêté l'école." Il rejoint alors les jeunes du quartier qui squattent les bancs publics et l'arrêt de métro toute la journée, sans réel but. "On fumait, on buvait, on jouait aux cartes. On se racontait des histoires de gangsters et on parlait des derniers coups effectués par les figures locales du banditisme. Pour gagner de l'argent, on volait, on dealait un peu mais, moi, je n'étais pas doué", raconte Djamel Cherigui, qui sentait que sa place était ailleurs.

Entre les pâtes et la lessive, Djamel dévore Houellebecq, Proust, Zola, Hugo, Diderot...

Durant dix ans, le jeune homme s'enfonce doucement dans la drogue et l'errance. Par moments, il travaille comme commis dans l'épicerie du père d'un ami. "Ce petit boulot m'a donné les bases de mon futur travail. Alors, quand la bande d'amis s'est dissoute parce que certains étaient morts et d'autres en prison, j'ai décidé de me reprendre en main et d'ouvrir mon commerce."

En 2014, à 28 ans, Djamel cesse toute consommation d'alcool ou de stupéfiants et s'astreint à une vie monacale afin de se donner toutes les chances de réussir. "Petit à petit, mon épicerie est devenue plus accueillante et prospère. Entre deux clients, l'attente est parfois longue, alors pendant mes heures perdues, je me suis remis à lire." Un jour, dans le rayon d'un supermarché, son regard est attiré par la couverture d'une biographie de Napoléon écrite par Max Gallo. "La découverte de ce livre a été fantastique. Je vivais par procuration l'épopée de ce personnage, l'incroyable réussite d'un homme simple devenu empereur. Ça me donnait de la force pour moi-même réussir."

Djamel Cherigui : "J'ai reçu un contrat d'édition dans la journée. C'était irréel !"

Derrière son comptoir, entre les paquets de pâtes et les barils de lessive, Djamel Cherigui dévore alors les romans de Houellebecq, Proust, Zola, Hugo, Balzac ou encore Diderot. Et il y a deux ans, il décide de se lancer lui aussi dans l'écriture. De ses années dans la rue, il a gardé l'habitude de peu dormir, alors il consacre ses nuits à écrire. La journée, il corrige ses notes sans en parler à quiconque.

En janvier 2020, il envoie son manuscrit aux dix plus importantes maisons d'éditions françaises, sans grand espoir. Mais trois semaines plus tard, il reçoit un coup de fil inespéré des Editions JC Lattès, très intéressées par son livre. "J'ai reçu le contrat d'édition dans la journée. C'était irréel !" Depuis, le premier roman de l'épicier est un tel succès qu'il a été réimprimé plus de dix fois. Et les médias le courtisent, comme la prestigieuse émission littéraire La Grande Librairie à laquelle il a participé. Une vraie success story !

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