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À Tourcoing, les inspirations de Picasso et l'avant-garde arabe

L'institut du monde arabe à Tourcoing présente une exposition consacrée à Picasso et la culture arabe jusqu'au 10 juillet 2022.
L'institut du monde arabe à Tourcoing présente une exposition consacrée à Picasso et la culture arabe jusqu'au 10 juillet 2022. AFP/Picasso

Une exposition pionnière à l'Institut du monde arabe (IMA), qui se tient dans la ville du Nord, revient sur les œuvres du génie espagnol inspirées par la culture arabe.

Picasso, qui n'a jamais mis les pieds dans le monde arabe, y a pourtant laissé une large empreinte, et fait des emprunts. Une source d'inspiration mise en évidence par une exposition pionnière à l'Institut du monde arabe (IMA) de Tourcoing, dans le Nord.

L'exposition s'ouvre sur deux portraits à la bougie, en miroir à 20 ans d'écart: l'un par Picasso de sa compagne Dora Maar, l'autre par l'Égyptien Samir Rafi, reprenant certains codes cubistes.

L'exposition, jusqu'au 10 juillet, veut participer à donner «la place qui leur est due» aux artistes arabes, souvent oubliés dans l'histoire de l'art, explique Mario Choueiry, l'un des commissaires. Dans des cultures où «la sculpture, la peinture» sont surtout «des techniques d'importation coloniale», les avant-gardes arabes «passent par la digestion de l'impressionnisme, du fauvisme, du cubisme, avant de devenir elles-mêmes», a-t-il précisé.

Si Picasso n'a pas voyagé dans le monde arabe, ses œuvres y ont fait écho. Les deux manifestes des avant-gardes arabes, publiés au Caire en 1938 et à Bagdad en 1951, se revendiquent du maître espagnol.
On découvre ainsi un imposant Guernica transposé dans la Syrie des années 1980, où le régime baasiste réprime dans le sang les opposants islamistes à Hama.

Le peintre syrien Alwani Khozaima y représente dans un triptyque un minotaure, un cheval, des hélicoptères pilonnant une tour de Babel.
«Il y a une ressemblance, mais c'est une réinterprétation», souligne le galeriste Saleh Barakat, qui a prêté l'œuvre. «Ça parle du monde arabe dans les années 70-90», et il y a un «vocabulaire propre», avec le viol du cheval qui dans la culture arabe est «l'animal digne qui refuse de se soumettre».
« Et cela permet de montrer des artistes peu connus en Occident, et de redécouvrir d'autres avec un œil nouveau» avec «des rapprochements très parlants», a encore relevé Saleh Barakat.

Pour d'autres œuvres, le rapprochement est moins formel que politique, avec une dénonciation de la violence, ou artistique, avec un travail d'abstraction. Comme avec ce portrait par Picasso de la militante indépendantiste algérienne Djamila Boupacha, alors emprisonnée.

Quelques pièces traditionnelles islamiques, tapis et faïences, sont aussi exposées, autre source d'inspiration des avant-gardes arabes. Leur graphisme épuré et le bestiaire semblent également résonner chez Picasso. «Quand on parle de Picasso, on parle souvent de son orientalisme», mais jamais de sa relation avec des artistes arabes, note la directrice de l'IMA Tourcoing, Françoise Cohen. «On espère que cette exposition ouvre un champ de recherche» sur ces échanges et rencontres, a-t-elle ajouté. L'exposition sera présentée à l'Institut du monde arabe à Paris en 2024.

À Tourcoing, les inspirations de Picasso et l'avant-garde arabe

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2 commentaires
  • Photini Mitrou

    le

    "Picasso, qui n'a jamais mis les pieds dans le monde arabe, y a pourtant laissé une large empreinte, et fait des emprunts." Pour l'empreinte, je veux bien le croire mais les emprunts, j'aimerais bien savoir lesquels ils sont? Le japonisme dans l'oeuvre de Manet, oui, je connais mais l'orientalisme dans l'oeuvre de Picasso, je ne me souviens pas de l'avoir vu! Il y a actuellement une culture souterraine organisée, une volonté politique, qui joue sur nos référents culturels pour les orienter en cherchant à les orientaliser! On est tellement gênés par notre supériorité des les arts picturaux qu'on se croit obligés d'inventer des influences réciproques, des ponts pour ne pas humilier une culture qui a exclu la représentation de toutes ses formes artistiques. C'était son droit. Ce n'est ni bien, ni mal, ni supérieur, ni inférieur. C'est comme ça. Les aléas de l'histoire. Utiliser Picasso pour formater les esprits, en le faisant "parler", lui "qui n'a jamais mis les pieds dans le monde arabe" (sic), c'est nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Je trouve cela fort de harissa! Et aucune photo pour démontrer les emprunts de Picasso aux arts arabes!

  • Photini Mitrou

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    "Picasso, qui n'a jamais mis les pieds dans le monde arabe, y a pourtant laissé une large empreinte, et fait des emprunts." Pour l'empreinte, je veux bien le croire mais les emprunts, j'aimerais bien savoir lesquels ils sont? Le japonisme dans l'oeuvre de Manet, oui, je connais mais l'orientalisme dans l'oeuvre de Picasso, je ne me souviens pas de l'avoir vu! Il y a actuellement une culture souterraine organisée, une volonté politique, qui joue sur nos référents culturels pour les orienter en cherchant à les orientaliser! On est tellement gênés par notre supériorité des les arts picturaux qu'on se croit obligés d'inventer des influences réciproques, des ponts pour ne pas humilier une culture qui a exclu la représentation de toutes ses formes artistiques. C'était son droit. Ce n'est ni bien, ni mal, ni supérieur, ni inférieur. C'est comme ça. Les aléas de l'histoire. Utiliser Picasso pour formater les esprits, en le faisant "parler", lui "qui n'a jamais mis les pieds dans le monde arabe" (sic), c'est nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Je trouve cela fort de harissa! Et aucune photo pour démontrer les emprunts de Picasso aux arts arabes!

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