« Nous vous avons laissé tomber » : un haut responsable de l’entreprise Abbott a présenté ses excuses aux parents confrontés à des pénuries de lait pour bébé, aggravées par la fermeture d’une usine du groupe américain.

« Nous sommes profondément désolés et nous nous engageons à faire en sorte qu’une pénurie comme celle-ci ne se reproduise plus jamais », a promis Christopher Calamari, le directeur exécutif d’Abbott Nutrition lors d’une audition devant une commission du Congrès.

Regagner la confiance des familles « prendra du temps », a-t-il poursuivi, tout en assurant que le groupe faisait tout ce qu’il pouvait pour résoudre cette crise.

Usine insalubre

Les États-Unis connaissent depuis plusieurs mois une pénurie de lait pour bébé, causée par des problèmes d’approvisionnement et de main-d’œuvre liés au Covid-19. La fermeture d’une usine d’Abbott en février, après un rappel de produits soupçonnés d’avoir provoqué la mort de deux nourrissons, avait encore aggravé le problème.

« Franchement, les résultats de l’inspection étaient choquants », s’est indigné Robert Califf, le patron de l’agence américaine du médicament (FDA).

Il a évoqué « de l’eau stagnante dans des équipements clé qui présentent un potentiel de contamination bactérienne », des « fuites sur le toit » ou encore une hygiène de base, comme le lavage des mains, laissant à désirer.

Selon lui, ses équipes ont conclu à une faible culture de la sécurité pour la fabrication d’un produit pourtant « essentiel » et vital pour « les personnes les plus précieuses ».

Abbott rejette la responsabilité du lait contaminé

« Nous continuons de croire qu’il n’y a aucune preuve concluante pour lier nos produits » aux maladies infantiles et aux décès imputés à la bactérie Cronobacter sakazakii, qui a été trouvée dans une zone de l’usine d’Abbott à Sturgis, se défend pourtant le dirigeant d’Abbott.

Il a insisté sur le fait que les échantillons positifs à cette bactérie « ne provenaient pas de zones en contact direct » avec les boîtes de lait pour bébé.

L’usine de Sturgis est l’une des plus grandes usines de préparations pour nourrissons des États-Unis, y compris pour les laits spécialisés utilisés pour les enfants atteints de certaines conditions métaboliques ou allergiques. Ces enfants sont particulièrement touchés par la pénurie.

« Pas le choix »

La FDA a indiqué de son côté qu’elle avait effectué une série de 24 visites à Sturgis, dont la dernière le 18 mars dernier. « Nous savions que l’arrêt des activités de l’usine créerait des problèmes d’approvisionnement, mais nous n’avions pas le choix compte tenu des conditions insalubres », a insisté Robert Califf.

Pour sa part, il a reconnu que ses services avaient été lents au démarrage, tout en imputant certains problèmes au Covid. La FDA n’a pas pu commencer son enquête avant fin janvier, en raison d’employés testés positifs au Covid-19 dans l’usine Abbott.

Le déroulement de la procédure de la FDA a été « trop lent » et il y a eu un manque de coordination. Mais il n’y a pas eu de « retard intentionnel » dans l’enquête.

Pont aérien

Cette crise est telle que le président Joe Biden a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un pont aérien et le recours à une loi datant de la Guerre froide pour importer du lait de l’étranger.

Mercredi, la Première Dame Jill Biden est allée saluer l’arrivée de la deuxième cargaison du précieux lait à l’aéroport international de Dulles, près de Washington. Une première cargaison était arrivée dimanche contenant plus de 31 tonnes de boîtes de lait.