Face à une nouvelle fourmi invasive, des chercheurs de l’Université du Texas ont trouvé une arme biologique radicale, une première pour des insectes sociaux. Les fourmis folles fauves (Nylanderia fulvia) ne piquent pas comme les fameuses fourmis de feu, mais sont un fléau aussi envahissant depuis leur détection en 2002 dans le sud-est des États-Unis. Elles ont beau être petites (elles ne mesurent que 3 mm), elles sont très prolifiques et forment un tapis qui ravage tout sur son passage, détruisant les autres insectes et les petits animaux vivant au sol. Attirées par les fils électriques, elles provoquent des courts-circuits dans les maisons et les installations des services publics. Aucun produit ne semble les arrêter.
Une colonie de fourmis folles fauves à l'assaut d'une araignée. ©Mark Sanders
Un champignon microscopique annihile les colonies
Leurs supercolonies s’étendent sur des kilomètres et sont d’autant plus difficiles à combattre qu’elles reposent sur plusieurs reines. Le chercheur Edward LeBrun et ses collègues ont découvert qu’une colonie en Floride était parasitée par un champignon microscopique du groupe des microsporidies. Pour tester son pouvoir pathogène, ils ont mis en contact des individus parasités avec deux colonies à problème du Texas. Deux ans plus tard, les colonies avaient disparu. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette efficacité, rapportent les chercheurs dans les PNAS (Comptes rendus de l’Académie des sciences américaines).
Edward LeBrun, scientifique du programme de recherche sur les espèces invasives de l’Université du Texas, recueille des fourmis fauves folles sur un terrain au centre du Texas. ©Thomas Swafford/University of Texas at Austin
Chute des populations d'ouvrières
Le champignon, spécifique de la fourmi, se répand très vite car les colonies sont à la fois denses et formées d’individus génétiquement très proches. Il en résulte une forte chute des populations d'ouvrières chargées de s’occuper des larves pendant l’hiver, ce qui compromet la survie de toute la colonie. L’étude permet aussi de mieux comprendre le phénomène inexpliqué des expansions puis disparitions de colonies d’insectes sociaux invasifs. Et elle offre enfin une sérieuse piste de lutte contre les fourmis folles fauves présentes aussi en Colombie, en Équateur et à Cuba.