« La quasi-totalité des établissements connaissent des difficultés de recrutement » d'infirmiers et d'aide-soignants « de manière permanente ou ponctuelle », selon une enquête réalisée par la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui souligne que l'urgence reste « les infirmiers et la nuit ». « Conjuguées à un absentéisme élevé, ces difficultés de recrutement pèsent lourdement sur le dynamisme des établissements », alertent les auteurs de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance mercredi. « Un été difficile se profile sur le plan notamment de la gestion des soins non programmés », rappellent-ils. 

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C'est dans les hôpitaux, hors CHU, que la situation en matière de ressources humaines non médicales « s'est le plus fortement dégradée », avec notamment un doublement des postes d'infirmiers non pourvus (6,6% en avril 2022 contre 3% en 2019). 

« La nuit semble être la période la plus complexe à organiser » 

Si les infirmiers « restent la première priorité en matière de recrutement » dans les hôpitaux, les Ehpad, eux, manquent principalement d'aides-soignants. La gériatrie reste d'ailleurs de loin le secteur qui peine le plus à attirer du personnel, suivi par les blocs opératoires, la médecine (les services non spécialisés) puis la psychiatrie. Sans surprise, les auteurs soulignent également que « la nuit semble être la période la plus complexe à organiser ». 

Selon la FHF, les effectifs « ont augmenté en moyenne de +3% entre 2019 et 2021 » dans les établissements publics, mais cela « n’a pas permis de réduire la proportion de postes vacants dans les professions aides-soignants et en infirmiers », du fait, notamment, de l'augmentation de la demande de soins. 

L’absentéisme se stabilise à un niveau « historiquement élevé ». Selon l'enquête, il a frôlé en 2021, comme en 2020, les 10% (contre 9% en 2019 et 7,4% en 2012) et il « fragilise le fonctionnement quotidien des équipes ». Absentéisme élevé et difficulté de recrutement réduisent « la capacité de rattrapage » des soins déprogrammés pendant l'épidémie de Covid, prévient la FHF. « Les agents suspendus pour non vaccination » ne représentent que 0,3% du personnel et ne peuvent donc être considérés comme « un vivier », relève-t-elle. 

Depuis le mois de mai, faute de soignants, des services d’urgences ferment la nuit. C’est notamment le cas à Orléans et aux urgences du CHU de Bordeaux.