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Exploration

EDITO. "They’ve got a problem" et le lancement d’Artemis vers la Lune n’a pas eu lieu

Il faudra encore attendre pour voir décoller SLS, la plus puissante fusée de l'histoire : un report qui déçoit, mais qui est aussi un grand classique dans le business du spatial.

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La SLS sur le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy de la Nasa, le 29 août 2022. Le lancement qui devait avoir lieu ce jour-là a été reporté au 2 septembre.

La SLS sur le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy de la Nasa, le 29 août 2022. Le lancement qui devait avoir lieu ce jour-là a été reporté au 2 septembre.

Crédit NASA

Carrrramba, c’est raté. La Nasa avait rameuté la Terre entière et plus de 200.000 fans de spatial à distance raisonnable du pas de tir pour le lancement d’Artemis1, ce lundi 29 août 2022, depuis le centre spatial Kennedy. Et puis, "they’ve got a problem" (il y a eu un problème) a sobrement commenté Bill Nelson, l’administrateur de l’agence spatiale américaine. Problème de fuite d'hydrogène et de température trop élevée d'un des quatre moteurs de la plus puissante fusée jamais construite. Donc report, possiblement au 2 septembre. "Nous ne lançons pas avant que tout soit conforme", a-t-il martelé.

L'administrateur de la Nasa est un ancien astronaute

Mieux vaut ça qu’un véritable ratage genre explosion de Challenger, même s’il n’y avait aucun humain à bord. Et pour un vol test, avec passage autour de la Lune de la capsule Orion avant retour sur terre, mieux vaut ne pas se rater. De fait, avec les lancements de fusée, a fortiori d’un nouveau modèle, qu’il y ait report n’a rien d’extraordinaire, "cela fait partie du business de l’espace". Bill Nelson s’y connaît, qui avait volé sur Columbia en janvier 1986 et a rappelé qu’il y avait eu "quatre départs annulés" avant qu'à la 5ème tentative ait enfin lieu le lancement de ce 24ème vol de navette américaine. Monsieur l’administrateur s’y connaît aussi en catastrophes. Columbia, dix-sept ans plus tard, en février 2003, s’est désintégrée au-dessus du Texas lors de sa rentrée dans l’atmosphère. Problème de bouclier thermique endommagé, la navette n’était plus protégée des hautes températures lorsque l’engin frotte violemment contre les molécules de l’atmosphère. Sans oublier l’explosion de la navette Challenger, 73 secondes après le décollage, le 28 janvier 1986, dix jours seulement après le retour sur terre du vol à bord duquel se trouvait Bill Nelson. Problème de joint torique sur un propulseur d’appoint à poudre, incendie, déviation de trajectoire fatal. Dire qu’il faut avoir le cœur bien accroché est un euphémisme. Mais, désormais à la tête de la Nasa, l’ancien astronaute sait que cette amorce de retour sur la Lune va au-delà d’un lancement classique, il est stratégique. Et regardé de près par toutes les puissances spatiales, Chine en tête. Même si cette dernière ne peut pas réellement pavoiser, après l’échec cuisant d’une Longue Marche 5B en juillet dernier, hors de contrôle, dont de gros morceaux ont brûlé dans l’atmosphère et des débris sont retombés dans l’Océan Indien au sud-ouest des Philippines.

Le "job parfait"

Avec le programme Artemis, les Américains veulent en fait aller bien plus loin que l’orbite terrestre et même lunaire. La conquête de Mars étant la prochaine vraie frontière. Cinquante-trois ans après Neil - "Petit pas pour l’homme, grand bond pour l’Humanité" - Armstrong, les Etats-Unis sont-ils toujours à la hauteur, eux qui clament que la Lune ne serait qu’un apéritif ? Il nous faut faire un "job parfait", a insisté Bill Nelson. Il va donc falloir revoir attentivement les agissements du moteur n°3, et redonner le moral aux troupes, s’il a baissé. Il a assuré que la vice-présidente Kamala Harris, qui s’était déplacée pour voir lancer la plus puissante fusée de l’histoire, était, elle, très heureuse de sa visite : c’est une "amatrice enthousiaste du spatial, tout comme le président Joe Biden". D’ailleurs, elle a tweeté depuis que "notre engagement envers le programme Artemis reste ferme et nous retournerons sur la Lune". A nous, il ne reste plus qu’à attendre. Enthousiasme et grande patience, des qualités que tout fan de l’espace se doit d’avoir, tout en croisant les doigts.

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