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Santé

Covid-19 : les anticorps du nez sont plus efficaces pour éviter l’infection

Les anticorps générés par la vaccination diminuent le risque de forme grave mais sont peu efficaces contre l’infection par Omicron, sauf quand un type spécifique d’entre eux (les immunoglobulines A) se retrouve dans les narines.

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Des vaccins administrés par le nez existent déjà pour d’autres virus, comme celui de la grippe.

Des vaccins administrés par le nez existent déjà pour d’autres virus, comme celui de la grippe.

TEK IMAGE / SCIENCE PHOTO LIBRARY / ABO / Science Photo Library via AFP
Des vaccins administrés par le nez existent déjà pour d’autres virus, comme celui de la grippe.
Covid-19 : les anticorps du nez sont plus efficaces pour éviter l’infection
Nicolas Gutierrez C.
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Un vaccin administré directement dans les narines serait-il plus efficace pour éviter l’infection par le coronavirus ? C’est ce que suggère une étude suédoise publiée le 14 septembre 2022 dans le New England Journal of Medicine, qui montre que les personnes ayant un type spécifique d’anticorps contre le Covid dans le nez sont moins à risque d’infection que celles avec des anticorps dans le sang mais pas dans le nez.

Des anticorps IgA dans le nez ferment la porte aux intrus

Tous les vaccins validés actuellement contre le Covid-19 sont administrés par injection intramusculaire dans le bras. Après l’injection, elles vont stimuler le système immunitaire pour le pousser à produire des anticorps contre la protéine Spike du coronavirus, notamment des immunoglobulines G (IgG). Mais la majorité de ces anticorps vont se retrouver dans le sang de la personne vaccinée. Or, le virus infecte d’abord les voies respiratoires supérieures, porte d’entrée du coronavirus dans notre corps. Notamment Omicron et ses sous-variants qui échappent partiellement à ces anticorps (immunité acquise après vaccination ou infection préalable) ainsi qu’à notre immunité innée, et parviennent ainsi à nous infecter. Sauf si un type de ces anticorps (les immunoglobulines A ou IgA) se retrouve en force directement à cette porte !

Les chercheurs de l’Institut Karolinska (Suède) ont révélé cette protection accrue en étudiant les anticorps de 338 soignants ayant reçu trois doses du vaccin, dont 57 ont été infectés par Omicron après la vaccination. Presque la totalité des personnes analysées (337) avait des IgG contre le Covid dans les muqueuses du nez, mais seulement 62% d’entre elles avaient aussi des IgA contre le virus à cet endroit. Or, ceux avec des niveaux élevés de ces IgA dans les narines avaient un risque significativement plus bas d’être infectés. Cette protection fonctionnait même si ces anticorps étaient spécifiques à la souche originelle du coronavirus, mais ils étaient plus efficaces s’ils étaient spécifiques du variant BA.1 d’Omicron.

Des vaccins administrés dans le nez pour imiter la réponse immunitaire d’une infection

Ces niveaux d’IgA dans les muqueuses de narines n’étaient pas corrélés au niveau d’IgG dans les muqueuses ni dans le sang. Cela ne dépendait pas non plus du type de vaccin ni du temps écoulé depuis la troisième dose. L’âge de la personne ou son genre n’avaient pas non plus de lien avec la présence ou pas de ces immunoglobulines dans le nez. La seule relation mise en évidence était celle avec une infection préalable, qui avait des niveaux d’IgA (mais pas de IgG) plus élevés. Probablement, car l’infection, qui commence par le nez, entraine une réponse immunitaire locale dans cette zone.

C’est tentant de penser qu’un vaccin administré à travers le nez ou la bouche, là où le SARS-CoV-2 pénètre dans le corps, pourrait provoquer une réponse immunitaire locale capable d’éviter l’infection à un stade précoce”, propose Charlotte Thåli, auteure de l’étude, dans un communiqué. L’idée serait ainsi d’imiter la réponse locale dans les narines suite à une infection tout en évitant les conséquences négatives de l’infection. Une possibilité que plusieurs vaccins en développement veulent exploiter. C’est par exemple le cas du candidat vaccin conçu par l’équipe BioMAP de l’Inrae-Université de Tours. Des études précliniques chez la souris suggèrent que ce vaccin nasal empêcherait bien l’infection (au moins pour le variant Delta, on ne sait pas encore pour le variant Omicron). Tout comme le candidat vaccin développé en Allemagne par une équipe de chercheurs de l’Université libre (FU) de Berlin, testé avec succès chez des hamsters. Des essais cliniques chez l’humain restent nécessaires cependant afin de confirmer si cette protection accrue existerait aussi chez notre espèce. Toutefois, autre vaccin nasal vient d’être validé en Chine, donc on devrait avoir rapidement des données sur la réelle efficacité de cette approche.

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