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Des fourmis utilisées comme biodétecteurs pour déceler le cancer dans l’urine  !

Publié le 15 Fév 2023 à 14H00 Modifié le 15 février 2023
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Les fourmis pourraient devenir le nouvel allié pour dépister les cancers. En effet, des scientifiques les ont conditionnées afin qu'elles soient capables de détecter le cancer dans l'urine. Ces recherches sont prometteuses sur les souris, mais restent encore à prouver sur les humains.

Détecter le cancer dans l’urine ? Une équipe de chercheurs de l’université de la Sorbonne à Paris vient de conditionner des fourmis pour détecter des tumeurs cancéreuses directement dans les urines. Une espèce européenne de fourmi appelée Formica fusca est capable d’identifier des composés organiques volatils propres au cancer dans l’urine grâce à leur odorat développé. On a publié cette découverte dans The Royal Society.

Le cancer : la principale cause de décès dans le monde

Le cancer reste encore et toujours l’une des principales causes de décès dans le monde. On lui impute ainsi un décès sur six. Derrière ce terme générique se cache un vaste groupe de maladies. Chacune peut toucher n’importe quelle partie et n’importe quel organe du corps. Parmi tous les cancers, les plus courants sont le cancer du sein, le cancer du poumon, les cancers colorectaux et le cancer de la prostate.

En 2020, il y a eu 10 millions de décès dus au cancer. Un tiers de ceux-ci étaient liés à des facteurs de risques comportementaux et alimentaires. Il peut ainsi s’agir d’un indice élevé de masse corporelle, d’une alimentation pauvre en fruits et en légumes, d’un manque d’exercices, du tabagisme et de la consommation d’alcool.

Aujourd’hui, on peut guérir de nombreux cancers si on les détecte suffisamment tôt et si on les traite correctement. Mais malheureusement, les méthodes de détection peuvent, pour certains types de cancer, être invasives ou encore coûteuses. Pour ces raisons, de nombreuses personnes hésitent, de plus en plus souvent d’ailleurs, à se soumettre à un dépistage précoce.

Les chiens sont connus pour posséder un odorat sans faille. Ils sont ainsi capables de détecter des composés organiques volatils émis par des tumeurs cancéreuses du sein et du poumon. Des chercheurs de l’université de la Sorbonne à Paris ont décidé de tester l’odorat de Formica fusca. Cette espèce de fourmi noire possède un odorat très développé et possède la capacité d’apprendre très rapidement. Ces insectes sociaux parviennent en effet à distinguer de très faibles différences moléculaires. On pourrait donc les utiliser pour détecter des cancers dans des échantillons d’urine.

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Des fourmis conditionnées pour détecter des marqueurs olfactifs de cancer dans l’urine

Pour cette recherche, les scientifiques ont travaillé avec 70 fourmis de cette espèce européennes. Ils ont réalisé deux groupes de 35 individus chacun. Dans le premier groupe, les scientifiques ont conditionné les fourmis pour qu’elles associent l’urine de souris en bonne santé avec une récompense alimentaire comme de l’eau sucrée. Dans le second groupe, ils ont conditionné les fourmis pour associer l’odeur de l’urine de souris porteuses de tumeurs cancéreuses humaines avec la même récompense. Le conditionnement a été rapide. En effet, au bout de seulement trois séances, les fourmis parvenaient sans difficulté à faire la distinction entre les odeurs.

Après l’étape de conditionnement, les premiers essais se sont rapidement montrés convaincants. Les fourmis ont clairement passé jusqu’à 20 % de temps supplémentaires près de l’urine des souris cancéreuses que près de l’urine des souris non malades. Les chercheurs ont rendu la tâche plus complexe. En effet, il est fort probable que les molécules volatiles odorantes du cancer humain aient été altérées dans le corps des souris. De plus, dans l’urine des souris, ces biomarqueurs du cancer se mélangeaient à d’autres odeurs.

Les scientifiques ont voulu vérifier qu’il s’agissait bien de composés volatils provenant de la tumeur cancéreuse humaine portée par les souris. Pour cela, ils ont réalisé une analyse chimique. Celle-ci a bien confirmé que les molécules présentes dans l’urine des souris cancéreuses étaient bien différentes de celles présentes dans l’urine des souris en bonne santé.

Les chercheurs ont remarqué que plus le cancer était développé et plus les odeurs étaient différentes. Pourtant, les fourmis n’ont fait aucune différence entre les petites tumeurs et les grosses tumeurs. La détection se réalisait de la même manière.

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Des résultats prometteurs et encore beaucoup de travail

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Il reste beaucoup de travail avant que la détection du cancer dans les urines par les fourmis soit un test de routine.
Crédits : Wikipédia.

Les chercheurs de l’université de la Sorbonne se sont lancés dans cette recherche. L’idée est de pouvoir, un jour, utiliser les fourmis pour dépister les cancers dans l’urine. Cette manière de procéder constituerait une méthode non invasive et relativement peu onéreuse. Cela permettrait donc d’élargir les tests de dépistage à beaucoup plus de personnes.

Certes les résultats de ces recherches sur les souris sont prometteurs. Cependant, il reste encore beaucoup de travail et de nombreuses années de tests avant de pouvoir utiliser couramment cette méthode de détection des cancers chez l’humain.

L’une des craintes des chercheurs, c’est justement la grande diversité des odeurs des urines humaines. De nombreux facteurs comme le type d’alimentation, la consommation d’alcool et même de tabac, l’âge, le stress ou encore les conditions de vie en général peuvent modifier l’odeur de l’urine humaine.

On ne peut donc pas encore considérer cette méthode comme un test de routine pour la détection du cancer. Elle nécessite de réaliser de nombreux tests supplémentaires. Il faut notamment tester différents types de cancer et de nombreux échantillons d’urine d’origine humaine.

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