Les douleurs menstruelles ont des conséquences terribles sur la vie sociale des femmes. Crampes abdominales, spasmes dans le bas-ventre, ballonnements… les symptômes cycliques varient d’une personne à une autre, avec des intensités plus ou moins fortes. Les femmes atteintes d’endométriose, par exemple, peuvent ressentir des douleurs pelviennes très aigües. Chez celles qui souffrent du syndrome prémenstruel, des œdèmes des extrémités peuvent survenir, ainsi qu’une irritabilité, de l’anxiété ou des céphalées. Dans certains cas, des règles très douloureuses peuvent devenir invalidantes, et empêcher celles qui en souffrent de pratiquer leurs activités habituelles. 

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En Irlande, 52% des femmes se sont déjà absentées du travail à cause de leurs règles 

Selon une étude réalisée par le laboratoire Joii au Royaume-Uni et en Irlande, en février 2023, les femmes manqueraient jusqu’à 36 jours d’événements sociaux, d’éducation, d’exercice et de travail chaque année, en raison des douleurs, de la fatigue et des effets néfastes sur la santé mentale. Pour 20% des personnes souffrant d’endométriose, interrogées au Royaume-Uni, les données grimpent jusqu’à 60 jours par an, contre 84 jours en Irlande. Au Royaume-Uni, nombreuses sont celles à avoir déjà annulé un rendez-vous (35%), manqué un pot au travail (34%) ou annulé un week-end (28%) à cause de leurs règles. En Irlande, elles sont 59% à avoir manqué des cours, et 52% à s’être absentées du travail.  

Des chiffres alarmants mais, malheureusement, pas si surprenants. « C’est un scénario que ne connais que trop bien », déplore Justyna Strzeszynska, fondatrice de Joii. « En tant que personne qui a souffert de règles lourdes et douloureuses durant la majeure partie de ma vie d’adulte, je peux vraiment comprendre la souffrance que vivent ces femmes tous les mois. Moi aussi, j’ai annulé des événements sociaux et je suis restée à la maison en raison d’immenses douleurs menstruelles. » 

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Neuf jours de productivité en moins par an

Selon une étude moins récente, publiée dans la revue en ligne « BMJ Open » en 2019, la perte de productivité des femmes, liée aux douleurs menstruelles, s’élève à neuf jours par an. Pour mener cette enquête, les chercheurs ont interrogé 32 748 personnes néerlandaises âgées de 15 à 45 ans, et ont comparé le taux d’absentéisme au travail et à l’école avec le taux de présentéisme. Une répondante sur sept (environ 14%) a déclaré s’être déjà absentée du travail ou de l’école pendant ses règles, et près de 3,5% ont confié que cela se produisait à chaque cycle menstruel ou presque. Pour autant, 81% des femmes ont déclaré qu’elles se rendaient à l’école ou au travail malgré les douleurs, en admettant que leurs symptômes impactaient leur efficacité.

Le droit au congé menstruel existe dans plusieurs pays, notamment en Asie, le Japon étant le premier à l’avoir instauré, en 1947. En Europe, l’Espagne a ouvert la voie le jeudi 16 février 2023. Les députés espagnols ont adopté une loi permettant aux femmes de bénéficier d’un arrêt de travail, en cas de règles douloureuses. En France, ce droit qui fait débat n’est pas inscrit dans la loi, mais certaines entreprises l’ont déjà expérimenté.