Après son premier vol commercial dans l’espace, Blue Origin ambitionne de construire la première station spatiale privée à usage mixte en orbite terrestre basse, dédiée au commerce, à la recherche et au tourisme, un projet d’envergure en partenariat avec Sierra Space et Boeing. 

Appelée Orbital Reef, "la station ouvrira le prochain chapitre de l'exploration et du développement de l'espace humain en facilitant la croissance d'un écosystème dynamique et d'un modèle économique pour l'avenir", a indiqué lundi Blue Origin, société spatiale de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

"Maintenant, n'importe qui peut établir une adresse en orbite", a ajouté le groupe, notant qu’"Orbital Reef élargit l'accès, réduit le coût et fournit tout ce qui est nécessaire pour vous aider à opérer votre entreprise dans l’espace". Blue Origin a également dévoilé à cette occasion le dernier concept d'un avant-poste orbital de construction privée qui pourrait remplacer ou compléter la Station spatiale internationale (SSI).

Selon la société, les clients potentiels de la station vont des agences spatiales et des groupes de haute technologie aux pays qui ne possèdent pas leur propre programme spatial, en passant par les médias et les agences de voyage. Cette annonce intervient alors que la NASA cherche à remplacer le laboratoire spatial, vieux de 20 ans et d'un coût de 100 milliards de dollars, qui montre les signes de l’âge.

L'agence américaine prévoit d'allouer jusqu'à 400 millions de dollars à des entreprises spatiales privées afin de lancer la construction de la station, et éventuellement de s'associer à des opérateurs privés de la même manière qu'elle s'appuie aujourd'hui sur des entreprises comme SpaceX d'Elon Musk pour transporter des cargaisons et des astronautes vers et depuis la SSI. Alors qu’Orbital Reef existe sous forme d'animations et de dessins numériques, et ne pourrait être construite que d'ici la fin de la décennie, la station chinoise Tiangong, elle, est bien réelle, et serait achevée dès l'année prochaine, chose qui reflète le niveau de concurrence auquel devra faire face Blue Origin.

Par ailleurs, ce projet devrait bénéficier d'un soutien financier important de la part de M. Bezos, qui s'est engagé à consacrer un milliard de dollars par an de sa fortune à Blue Origin, dont le but ultime est de créer les conditions permettant, selon lui, à des millions de personnes de vivre et de travailler dans l’espace.

Selon le vice-président de Blue Origin, Brent Sherwood, le projet de sa société et de ses principaux partenaires, à savoir Sierra Space, qui développe sa propre idée de station spatiale depuis des années, et Boeing, le géant de l'aérospatiale qui a construit et géré les segments américains de la SSI pour la NASA, vise à "générer de nouvelles découvertes, de nouveaux produits, de nouvelles formes de divertissement et une prise de conscience mondiale de la fragilité et de l'interconnexion de la Terre".

La conception la plus élémentaire de la station ressemble à celle de la station spatiale actuelle, avec environ 90 % du volume intérieur et une capacité de 10 astronautes, soit une nette amélioration, étant donné que la SSI en accueille généralement sept.

Toutefois, ce projet s’avère très ambitieux parce que peu d'entreprises semblent financièrement capables de mener à bien la construction d'une station spatiale, un exploit que seuls les gouvernements, généralement plus motivés par la politique internationale que par le profit, peuvent réaliser.

Orbital Reef est le deuxième partenariat majeur de Blue Origin avec d'autres entreprises spatiales. En 2019, le groupe s’est associé à Lockheed Martin, à Northrop Grumman et à Draper sur une proposition d'atterrisseur lunaire, appelée Blue Moon, pour la NASA, qui, au final, a choisi de collaborer avec SpaceX, propriété de l'autre milliardaire, Elon Musk.