Les électeurs turcs ont renouvelé, dimanche, leur confiance au président Recep Tayyip Erdoğan qui a été élu pour un troisième mandat, consolidant ainsi sa réputation de "machine électorale" efficace n'ayant subi aucune défaite dans les urnes depuis que son parti de la Justice et du développement a remporté ses premières élections législatives en 2002.

Après une longue veillée électorale, la Commission électorale suprême turque a déclaré M. Erdoğan vainqueur du second tour de l'élection présidentielle avec 52,14 % des voix, contre 47,86 % pour le candidat de l'opposition, Kemal Kılıçdaroğlu, après le dépouillement de 99,43 % des bulletins.

Pour les observateurs, cette nouvelle victoire témoigne de la popularité soutenue de M. Erdoğan et de sa capacité à maintenir le soutien fort de ses partisans.

Recep Tayyip Erdoğan est sorti vainqueur du second tour de l'élection présidentielle, alors que les instituts de sondage le donnaient perdant dès le premier tour, notamment en raison des répercussions du séisme du 6 février et de la crise économique que traverse la Turquie depuis quelques années.

Pour ce qui est de la carte électorale de ce scrutin, M. Erdoğan a remporté une majorité des voix dans 52 provinces, réparties dans le centre et le sud du pays, qui souffre des répercussions du séisme du 6 février dernier. Son rival Kemal Kılıçdaroğlu a gagné dans 29 provinces, notamment celles bordant la mer de Marmara et la mer Méditerranée, ainsi que dans les provinces orientales à majorité kurde.

Comme lors des élections municipales de 2019, le président turc a de nouveau perdu à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, ainsi que dans la capitale du pays Ankara. Cette défaite symbolique s'explique, selon les observateurs, par la hausse du coût de la vie dans les grandes agglomérations.

Dans le respect de l'exercice démocratique, M. Kılıçdaroğlu a reconnu sa défaite, exprimant ses vœux de réussite à M. Erdoğan lors de son nouveau mandat présidentiel.

Il s'est engagé, lors d'une conférence de presse à Ankara, à "poursuivre la lutte", tout en rejetant les appels à la démission du Parti républicain du peuple qu'il dirige.

M. Erdoğan a exprimé, quant à lui, sa profonde gratitude à tous les électeurs qui ont voté pour lui. "Nous avons bouclé le second tour des élections en gagnant grâce au soutien de notre peuple, et le véritable vainqueur de ces élections sont les 85 millions de citoyens turcs", a-t-il déclaré devant sa résidence à Istanbul.

Par la suite, il s'est rendu à Ankara pour prononcer le discours de la victoire devant des milliers de sympathisants réunis sur l'esplanade du palais présidentiel. Il s'est engagé à poursuivre ses politiques de développement et à faire entrer le pays dans un "nouveau siècle" de prospérité.

"Nous poursuivrons la politique de stabilité et la planification pour construire une économie productive basée sur l'investissement et la création d'emplois", a déclaré M. Erdoğan, en s'engageant également à placer la reconstruction des zones sinistrées par le tremblement de terre de février dernier et la lutte contre l'inflation et la crise de la monnaie nationale au premier rang des priorités de son nouveau mandat présidentiel.

Lors de ce second tour, M. Erdoğan a bénéficié d'une position plus favorable, après avoir obtenu le soutien du candidat d'extrême droite "ATA" au premier tour, Sinan Oğan, et la victoire de son "Alliance républicaine" qui a remporté la majorité des sièges au parlement.

Lors de ce second tour, 85,67% des quelque 64 millions d'électeurs ont voté contre 88,84% lors du premier tour, alors que 1,9 million de Turcs de l'étranger ont voté du 20 au 24 mai.

Selon la Constitution turque, ce troisième mandat présidentiel de cinq ans sera le dernier de Recep Tayyip Erdoğan, qui est au pouvoir depuis 2003 en tant que Premier ministre et depuis 2014 comme président de la République.