Il y a encore quelques mois, leur différend se réglait devant les tribunaux. Aujourd’hui, Maroc Telecom (IAM) et Inwi annoncent un partenariat stratégique. Exit les amendes records, place à la coopération. Les deux géants des télécoms s’apprêtent à créer deux joint-ventures — FiberCo pour la fibre optique, et TowerCo pour la 5G — détenues à parts égales.
L’investissement initial s’élève à 4,4 milliards de dirhams sur trois ans, avec des ambitions chiffrées : 1 million de prises fibre dans deux ans, 3 millions d’ici 2029, 2 000 tours 5G construites ou rénovées d’ici 2027, puis 6 000 tours à horizon 2035. Une promesse de couverture étendue et de connectivité renforcée pour les citoyens comme pour les entreprises.
Mariage de raison ou consolidation inévitable ?
Au-delà de la technologie, l’accord marque un tournant politique et économique. Il met fin à une longue bataille judiciaire, soldée par une réduction d’indemnisation : IAM versera 4,38 milliards de dirhams à Inwi, au lieu des 6,38 milliards initialement prononcés pour abus de position dominante. En échange, les deux parties renoncent à tout recours et tournent la page.
Le timing, lui, ne doit rien au hasard. Le Maroc s’apprête à accélérer sa transition numérique, alors que les enjeux de souveraineté technologique, de couverture nationale et de compétitivité régionale s’intensifient. Pour IAM comme pour Inwi, l’heure est à la convergence des moyens, en réponse à la montée des coûts d’infrastructure et à la pression sur les marges.
Un duopole en devenir ?
Ce partenariat soulève toutefois des interrogations. En réduisant la fragmentation des infrastructures, il pourrait renforcer la domination des deux opérateurs historiques, au détriment du troisième acteur, Orange. L’aval de l’ANRT reste donc une étape clé. Le régulateur devra évaluer les implications de cette concentration partielle, tout en veillant à préserver un marché compétitif.
IAM et Inwi assurent que les infrastructures partagées resteront accessibles à tout opérateur détenteur d’une licence, dans le respect du cadre légal. Une promesse que l’ANRT devra désormais encadrer avec rigueur.
Pour les deux entreprises, ce rapprochement ouvre un chapitre inédit. Pour l’écosystème télécom marocain, il pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère : celle de la mutualisation, de la rationalisation… et d’un virage stratégique vers l’excellence numérique.