Le Village APEBI a ouvert ses portes ce lundi à Marrakech, en plein cœur de l’Agora Tech du GITEX Africa 2025. Pour la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring, ce rendez-vous marque un tournant stratégique : faire du numérique un moteur de transformation structurelle à l’échelle africaine.
Dans une ouverture rythmée par les idées fortes, acteurs publics, décideurs privés et experts internationaux ont planché sur les conditions d’un basculement durable vers un numérique africain souverain et inclusif.
Un numérique africain, pour et par les Africains
Invité d’honneur, Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, a planté le décor : « La transformation numérique du continent ne se fera ni par mimétisme ni par importation. Elle doit naître de nos propres réalités. »
Il alerte sur les fragilités : déficit de datacenters, manque de connectivité, faibles débits. Mais il appelle à l’audace : intégrer l’intelligence artificielle dans la santé, l’éducation, l’urbanisme. Et surtout, penser régional au lieu de raisonner en silos nationaux.
Un virage stratégique porté par le Maroc
Sur scène, le Maroc est régulièrement cité en exemple. Lacina Koné salue une dynamique nationale qui articule étroitement vision politique, mobilisation des acteurs et innovation entrepreneuriale. Rédaouane El Haloui, président de l’APEBI, enfonce le clou : « Ce Village n’est pas une vitrine. C’est un laboratoire à ciel ouvert de ce que l’Afrique peut produire quand elle fédère ses énergies. »
La matinée se prolonge avec deux panels clés. Le premier dessine les contours d’un modèle économique numérique africain viable. Une fédération panafricaine du digital, une réforme en profondeur de la formation professionnelle et un appui accru aux startups via la commande publique sont les piliers évoqués.
Le second panel prend le relais, avec un diagnostic sans détour : lenteur législative, absence de connectivité régionale, déficit de coordination entre public et privé. « Le digital est encore perçu comme étrange par trop de décideurs. Résultat : on préfère l’immobilisme au risque, même quand l’innovation locale est plus pertinente », regrette Amine Alaoui, membre du CESE.
L’humain au cœur de la tech
Jean-Christophe Conticello, fondateur de Wemanity, a clôturé la journée en appelant à « un numérique à visage humain ». Pour lui, l’accélération technologique ne doit pas effacer l’écoute, l’agilité et l’apprentissage par l’erreur dans les organisations publiques comme privées.
Le Village APEBI regroupe cette année 53 entreprises, dont 33 startups labellisées PME TECH. Ces acteurs marocains, souvent tournés vers l’international, illustrent le dynamisme du secteur. Avec son ancrage dans des réseaux panafricains comme la Federation of African Digital Business, l’APEBI entend jouer un rôle de trait d’union entre les marchés.
En donnant aux entreprises une plateforme de visibilité et de contacts qualifiés, la Fédération poursuit son ambition : faire du numérique un pilier de compétitivité, d’inclusion et de souveraineté pour le Maroc et pour l’Afrique.