Près de 62 % des cadres marocains affirment avoir traversé un épisode de burn-out. Ce chiffre, issu d’une enquête réalisée auprès de plus de 160 dirigeants et entrepreneurs, met en lumière un malaise profond dans les sphères managériales. Pire encore, 82 % déclarent avoir été confrontés à cette souffrance, soit personnellement, soit au travers d’un proche.
Malgré ces chiffres, 71 % des sondés affirment ne disposer d’aucun dispositif clair de prévention ou d’accompagnement dans leur environnement de travail. Une carence qui démontre le retard accusé par les entreprises sur la prise en charge de la santé mentale.
Des signaux ignorés, une performance en jeu
Fatigue chronique, irritabilité, troubles du sommeil, douleurs physiques inexpliquées… Autant de signaux précurseurs, trop souvent banalisés. Dans un monde professionnel où la compétition et la surcharge mentale sont monnaie courante, ces alertes corporelles sont reléguées au second plan.
Ce déni collectif fragilise non seulement les individus, mais affaiblit également la performance des entreprises. En France, les troubles psychologiques, dont le burn-out, représentent déjà 24,5 % des arrêts longue durée. Le Maroc, bien que dépourvu de statistiques officielles, semble suivre une tendance similaire.
Santé mentale : un angle mort des politiques RH
Repenser la performance implique d’intégrer le bien-être psychologique comme un levier de durabilité. Or, les entreprises marocaines, pour la plupart, n’ont pas encore franchi ce cap. La santé mentale demeure absente des politiques RH, ESG et RSE.
La vision royale d’un développement inclusif ne peut se concrétiser sans une attention accrue à la santé émotionnelle des femmes et des hommes qui portent la transformation du pays. Les ressources humaines ne peuvent être pérennes sans une politique claire de prévention des risques psychosociaux.
Un appel à l'action collective
Cette enquête vise à lancer un débat national sur la santé au travail. Entreprises, institutions et citoyens sont appelés à faire évoluer les mentalités. Une campagne de sensibilisation est d’ailleurs en préparation pour replacer le capital humain au centre des priorités organisationnelles.
Alors que les transformations s'accélèrent, la question du bien-être professionnel ne peut plus attendre. Ignorer le burn-out revient à compromettre la capacité du pays à construire un avenir durable.