Diffusée dans le cadre du festival Mawazine, la prestation d’ElGrande Toto a battu des records : plus de 400 000 spectateurs sur place, une audience massive à la télévision et sur les réseaux. Mais ce succès populaire n’a pas empêché une plainte d’être déposée auprès de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA). En cause : des propos jugés vulgaires, une tenue critiquée, et un t-shirt estampillé “Salgoat” sur fond d’étoile du drapeau national.
Le plaignant accuse 2M d’avoir violé son cahier des charges. Il évoque un contenu « inapproprié », potentiellement nuisible pour les enfants et adolescents devant leur écran.
Du côté de l’artiste, on parle d’une controverse exagérée. Des proches dénoncent une polémique montée de toutes pièces, alimentée par ceux qui peinent à accepter le langage cru du rap et son ancrage dans les réalités urbaines. Le concert, selon eux, s’est déroulé sans incident, dans une ambiance festive. Pour une partie du public, Toto incarne une parole brute mais sincère, qui touche la jeunesse là où elle vit.
Liberté d’expression ou double standard ?
Des artistes s’interrogent : pourquoi certaines performances internationales, plus suggestives, n’ont-elles pas provoqué de réactions similaires ? Pourquoi certaines séries en prime time, diffusées sur les mêmes chaînes, échappent-elles à ces critiques ? Le traitement réservé à Toto illustre, selon eux, un double standard.
Derrière la controverse, un débat plus large s’installe. Jusqu’où peut aller l’expression artistique à la télévision publique ? Quelles limites fixer, et au nom de quelles sensibilités ?
Vers une meilleure régulation ?
Le cas relance la question de la régulation des contenus artistiques à la télévision. Des spécialistes suggèrent d’introduire une classification par âge pour les concerts diffusés en prime time, comme c’est le cas pour les films. Objectif : mieux encadrer les diffusions, sans freiner la créativité.
Le débat dépasse le cas Toto. Il interroge la place de la culture urbaine dans l’espace public, et la capacité des institutions à accompagner ses codes sans censure excessive ni hypocrisie.