En se qualifiant pour la finale de l'euro de football disputée l'été dernier, Gareth Southgate a réussi l'exploit de propulser les Trois Lions pour la première fois depuis 55 ans en finale d’une compétition majeure, chassant, bien que partiellement, la malédiction qui a longtemps poursuivi les Anglais.

Pour l’Euro 2020, reporté d’une année en raison de la pandémie du coronavirus, l’Angleterre rêvait de retrouver l’ivresse des sommets en tirant avantage du format inédit de cette compétition qui s’est déroulée, pour la première fois, dans onze villes hôtes différentes réparties à travers toute l’Europe.

Certes pas de l’aveu de Southgate, connu pour être toujours mesuré dans son propos, mais de celui des fans anglais, qui voyaient en l’organisation des demi-finales et de la finale dans le mythique stade Wembley, une occasion en or d’ajouter une ligne à leur palmarès chétif.

Les Anglais ont donc entamé leur campagne en se contentant d'assurer le minimum syndical en phase de poules : trois matchs, deux victoires, un nul et seulement deux buts inscrits. Assez pour prendre la tête du groupe D avec 7 points pour se qualifier en huitièmes de finale.

Dès lors, les choses se corsent puisque le tirage met les Trois Lions aux prises avec un mastodonte européen : La Mannschaft. Alors que les plus pessimiste y voyait déjà la fin de la compétition, Southgate a pu compter sur Raheem Sterling, jusque-là unique buteur de l’équipe, pour ouvrir la marque alors qu’il ne restait que quinze minutes de jeu, avant de voir Harry Kane, l’attaquant providentiel qu’il a fait capitaine, prendre ses responsabilités et débloquer son compteur personnel de buts en toute fin de rencontre pour sceller l’issue du match.

Après un tel résultat face à l’un des favoris pour le titre, l’appétit anglais allait enfin s’ouvrir en quart de finale face à l’Ukraine, pour l’unique match de l’Angleterre hors de ses bases.

Disputée à Rome, cette confrontation a permis à Kane de faire étalage de son talent en inscrivant un doublé (4è et 50è) alors que Maguire et Henderson ont porté le score à 4-0 pour assurer un passage en demi-finale face à des Danois bien plus coriaces.

Alors que les restrictions liées au coronavirus avaient peu ou prou perturbé l’organisation des matchs, le gouvernement anglais, qui avait limité à 40.000 le nombre de spectateurs autorisés dans le terrain, avait annoncé que plus de 60.000 supporters pouvaient assister aux demi-finales et à la finale de l'Euro au stade de Wembley.

Une nouvelle rocambolesque qui, à elle seule, a suscité des scènes de liesses à Londres, puisqu’elle était synonyme de la plus grande foule autorisée pour un évènement sportif depuis plus de 15 mois au Royaume-Uni.

Mais la présence d’un public acquis à leur cause n’a pas pour autant facilité la tâche à des Anglais dominateurs, mais qui peinaient à trouver la faille face à une défense danoise solide, suppléée par un Kasper Shmeichel en état de grâce.

Au final, Southgate a réussi tout de même ce que plus personne n’a fait depuis Sir Alf Ramsey en 1966 : qualifier l'Angleterre en finale d'une grande compétition internationale.

Malheureusement pour les 60.000 qui ont fait le déplacement le 11 juin au stade Wembley, l’issue sera différente de celle de l’équipe de Sir Ramsey qui avait remporté la coupe du monde cette année-là, puisque les Italiens, loin d’être impressionnés par les "Football’s coming home" qui émanaient des gradins, ont tenu la dragée haute aux Trois Lions pour s’assurer un match nul dans le temps réglementaire, avant d’aller chercher la coupe aux tirs au but.

Dévastés certes, mais tournés vers l’avenir, les Anglais ont décidé d’utiliser ce résultat, le meilleur depuis des décennies, comme base d’une performance encore meilleure à la coupe du monde au Qatar en novembre prochain.

Cette performance à l’euro durant l’été 2021 n'a d'ailleurs fait que confirmer le bon état de forme du football anglais en général, puisqu’en ligue des champions, les équipes de Premier League se sont offertes le luxe d’une finale 100% anglaise entre Chelsea et Manchester City. Alors qu’en Ligue Europa, l’autre club de Manchester avait atteint la finale de la compétition avant de s’incliner face aux espagnols du Villareal.

Et puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, Gareth Southgate, qui vient de fêter ses 5 ans à la tête de la sélection, s’est vu offrir une prolongation de contrat jusqu’en 2024 après avoir validé son billet pour le mondial de 2022.

L’homme, qui avait d’abord mené les espoirs anglais entre 2013 et 2016 avant de prendre les rênes de l’équipe première presque par accident, est passé par une phase de construction laborieuse, mais a réussi à former une équipe avec une identité de jeu et non un simple assemblage de stars. Maintenant qu’il a brisé plusieurs barrières psychologiques, il aura certainement à cœur d’aller chercher la première marche du podium.