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Emmanuel Macron en Ukraine : l’opposition critique le « timing » du déplacement

Par Lemonde.fr -le -modifié le :

Emmanuel Macron en Ukraine : l’opposition critique le « timing » du déplacement

Emmanuel Macron a à peine eu le temps de fouler le sol ukrainien que les réactions de l’opposition vont bon train. A trois jours du second tour des élections législatives, plusieurs figures issues de l’ensemble du paysage politique ont questionné, jeudi, le « timing » de sa visite surprise à Kiev, ainsi que la communication du président de la République autour de ce déplacement.

A droite, le chef de file du parti Les Républicains (LR) Christian Jacob a estimé que « si on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n’est pas en se mettant en scène », qu’Emmanuel Macron va y parvenir. Au micro d’Europe 1, M. Jacob a ainsi déploré la communication du chef de l’Etat autour du déplacement jugée « caricaturale », qui pourrait desservir, selon lui, l’initiative diplomatique : « Je ne suis pas sûr que ce soit à grand renfort de caméras qu’on réussisse une action diplomatique. »

« C’est d’une légèreté incroyable »

« La maison brûle et Emmanuel Macron regarde ailleurs. L’imaginer dans un train direction l’Ukraine ce matin, comme s’il ne pouvait pas attendre la semaine prochaine, alors que l’extrême gauche est hypermenaçante pour notre pays, c’est d’une légèreté incroyable », a critiqué de son côté avec force le maire de Meaux, Jean-François Copé.

Invité de la matinale de RTL, il a réagi à l’annonce de cette visite faisant valoir que, selon lui, c’était une « une folie » et qu’il s’agissait là d’une « stratégie d’évitement » de la situation politique du pays, du fait que le chef de l’Etat n’était pas certain d’obtenir la majorité à l’issue du second tour, dimanche. 

Alarmiste et réclamant qu’Emmanuel Macron fasse preuve « de la hauteur de vue qui s’impose », il a ajouté : « En réalité, ce que je vois pour l’avenir, c’est qu’on est en train de reconstituer la république de Weimar [1918-1933], c’est-à-dire ce que nous avons malheureusement en Europe connu en Allemagne dans les années 20, où vous aviez un pouvoir social-démocrate un peu mollasson qui laissait monter deux extrêmes : l’extrême droite et l’extrême gauche. Et ça s’est terminé comme vous le savez. »

Chez LR, seul le président du Sénat, Gérard Larcher, a jugé, a contrario, qu’« il était temps qu’Emmanuel Macron aille en Ukraine », même si c’était dans l’entre-deux tours des législatives. Faisant valoir qu’il s’y rendrait lui aussi « début juillet », au micro de BFM-TV-RMC, le président de la chambre haute a exprimé que cette visite, aux côtés du président du conseil italien Mario Draghi et du chancelier allemand Olaf Scholz, était une bonne chose. 

« On nous reproche tout et son contraire », rétorque Clément Beaune

De son côté, Marine Le Pen, prudente dans ses prises de parole au sujet de la guerre en Ukraine, a d’abord souligné qu’« il est parfaitement légitime qu’Emmanuel Macron aille à Kiev », au micro de France Inter. Elle a fait valoir : « Moi, ça ne me choque absolument pas que le président de la République se rende à Kiev », « quand on est engagé, comme l’est la France dans un processus diplomatique dont l’objectif est d’obtenir la paix ».

« Ce qui est peut-être plus contestable (…) c’est le fait de choisir d’y aller à trois jours d’une élection législative », a toutefois ajouté la députée sortante du Pas-de-Calais. Pour l’ancienne candidate à l’élection présidentielle, « Emmanuel Macron ne fait jamais rien sans avoir une arrière-pensée électoraliste. Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives. » 

De son côté, la figure de proue de La France insoumise et de la Nupes Alexis Corbière, a lui aussi questionné la sincérité du « timing » du déplacement : « Nous sommes quarante-huit heures ou trois jours avant un scrutin déterminant, je m’interroge si c’est le peuple ukrainien qu’il veut aider ou sa propre équipe et son parti actuellement en difficulté. (…) J’espère que le peuple ukrainien n’est pas utilisé pour des questions de politique intérieure française ».

Le ministre délégué chargé des affaires européennes Clément Beaune lui a répondu quelques instants plus tard sur la même antenne, défendant le déplacement « symbolique » et « nécessaire » du chef de l’Etat aux côtés de MM. Draghi et Scholz :  « Est-ce qu’une fois dans cette campagne et chez M. Corbière on peut avoir un peu de hauteur de vue et de dignité ? Vous croyez que le chancelier Scholz est en campagne ? Vous croyez que le président du conseil italien, Mario Draghi, est en campagne ? Nous sommes à une semaine d’un sommet européen. Le président de la République, il n’est pas candidat aux législatives : il a été élu le 24 avril. On nous reproche tout et son contraire ! Y aller assez tôt, y aller trop tard. »

Lors de leur déplacement surprise en Ukraine, révélé le matin même par des images dans le train en direction de Kiev, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Mario Draghi, se sont rendus ce matin à Irpine, une des villes de la banlieue de Kiev devenue symbole des destructions et atrocités commises pendant l’occupation de la région par l’armée russe.


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