L'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe a été abattu lors d'un événement de la campagne des élections sénatoriales ce 8 juillet, à Nara, dans l'ouest du Japon. Le tireur est un homme de 41 ans et ancien membre de la marine. Qui est-il ? Quelles étaient ses intentions ?
11h30, heure locale japonaise. Un homme vêtu d'un haut gris et d'un pantalon marron commence à se diriger vers Shinzo Abe, l’ex-Premier ministre japonais. Il est en train de tenir un discours à l'occasion d'un meeting de campagne dans la région occidentale de Nara. Soudain, l’homme tire au moins deux coups de feu apparents et dissipe un nuage de fumée. Des spectateurs terrifiés se jettent au sol. Shinzo Abe s’effondre. Il saigne visiblement.
Des passants commencent à lui administrer un massage cardiaque, selon des témoins. Le tireur, lui, est maîtrisé au sol et placé en détention. La police découvre alors un homme d’une quarantaine d’année. Il est Japonais. Les enquêteurs identifient le suspect comme étant Tetsuya Yamagami, un résident de 41 ans originaire de la ville où les faits ont eu lieu, à Nara.
Comment s'est-il procuré son arme ?
Son arme, elle, aurait été fabriquée par ses propres soins. Une photographie permet de montrer deux pièces métalliques cylindriques gisant sur la route près de la scène. Elles semblent avoir été lourdement liées avec du ruban adhésif noir. Soit l’arme est entièrement réalisée maison, soit elle a été imprimée à l’aide d’une imprimante 3D, rapportent plusieurs tweets.
Cette piste permet d'expliquer comment le tireur aurait pu s'équiper. En effet, la législation sur les armes à feu est très stricte au Japon. Il est particulièrement difficile de se procurer une arme à feu dans le pays.
Législation des armes à feu au Japon
Selon le quotiden français Libération, il faut valider 13 étapes avant de pouvoir porter une arme à feu légalement au Japon. Un record dans le monde. Le porteur d’arme doit notamment attester d’un casier judiciaire vierge, réaliser une évaluation psychologique et un dépistage de drogue.
Il doit aussi autoriser la police à vérifier chaque année son installation et séparer les munitions des armes. Les peines encourues si ces conditions ne sont pas respectées sont lourdes. Détenir une arme de poing est passible de prison. Seuls les fusils de chasse et les carabines à air comprimé sont commercialisés.
Cette légilsation rend le port d'arme particulièrement compliqué au Japon. Le site américain Gunpolicy.org recense des chiffres sur les armes à feu. Seul 0,25 habitants sur 100 détenaient une arme à feu au Japon en 2019 contre 7,76 habitants sur 100 en France en 2020. Aux États-Unis ces chiffres atteignent des sommets. En conséquence, le taux d'homicides par balle dans au Japon est l'un des plus bas dans le monde. En moyenne, moins de 10 japonais succombent chaque année à des attaques d’armes à feu.
Quelles sont ses intentions ?
Tetsuya Yamagami a passé trois ans dans la marine du pays, les Forces maritimes d'autodéfense du Japon. C’est ce que rapportent plusieurs médias citant le ministère de la défense. L’homme avait quitté le service vers 2005. Il avait donc une expérience du maniement des armes.
D'après la NHK, il aurait confié aux enquêteurs après son arrestation qu'il était "frustré" vis-à-vis de Shinzo Abe. Il lui aurait tiré dessus avec l'intention de le tuer. Qu'est-ce qui a bien pu "frustrer" le tireur à propos de Shinzo Abe ? On sait beaucoup de choses des positions de Shinzo Abe. C'est un homme politique conservateur et nationaliste. Il voulait renforcer l'armée japonaise dans l'objectif de contrer les menaces croissantes de la Corée du Nord et de la Chine. En revanche, on en sait beaucoup moins sur les idées politiques du tireur.
En attendant, la police a perquisitionné son domicile. Des produits potentiellement explosifs auraient été trouvés, selon la chaîne de télévision publique NHK.