Dur réveil de la Colombie : la spirale de violence fait au moins 15 morts en une journée

Dur réveil de la Colombie : la spirale de violence fait au moins 15 morts en une journée
Source : Map
15/09/2022 12:00

Alors que le nouveau gouvernement colombien a les yeux rivés sur La Havane où devraient se dérouler des négociations de « paix totale » promise par le président Gustavo Petro, les colombiens sont pris dans une spirale de violence qui a fait en début de semaine, 15 morts en une seule journée.

Depuis l'investiture du nouveau président de gauche, qui a promis monts et merveilles sur le plan sécuritaire, le quotidien des Colombiens est fait de règlements de comptes entre trafiquants de drogue, d’attaques contre des cadets de l’armée envoyés dans la gueule du loup, de massacre d’une famille entière avec des enfants mineurs, de lynchage de migrants vénézuéliens et d’assassinat de militants syndicaux.

Deux incidents qui ont eu lieu entre dimanche et lundi derniers ont marqué un brutal réveil des Colombiens vivant dans le centre et le nord du pays et allongé la liste des victimes d’un conflit qui dure depuis 60 ans.

À Landazuri, une ville de 9 000 âmes du département de Santander (nord), des habitants ont réagi avec colère au meurtre d'un enseignant, de sa femme et de leurs enfants de 20 et 13 ans tôt dimanche, vraisemblablement pour vol. Les accusés ont été tout indiqués.

Selon les récits de la presse locale, cinq migrants vénézuéliens qui étaient dans les parages ont été accusés de ce crime multiple et lynchés par la foule, sans que les forces de sécurité n’interviennent.

Pire encore, Marlon Ballen, maire de la ville, a identifié les agresseurs comme des "gens du Venezuela" qui ont attaqué la famille avec des couteaux "pour voler de l'argent".

Dans cette affaire, les autorités semblaient avoir cédé les prérogatives de justice à la foule qui a exécuté la sentence de mort contre les étrangers sur la place publique.

L'Institut d'études pour le développement et la paix (Indepaz) a souligné que ce massacre est le 77e commis en Colombie depuis le début de cette année, dont 13 depuis l'investiture du premier président de gauche Gustavo Petro (7 août).

Le deuxième incident s'est produit lundi à l'aube dans la ville de Barranquilla, la plus grande cité de la mer Caraïbe colombienne, où six personnes ont été abattues alors qu'elles étaient attablées dans un café-bar.

La police a attribué l'attaque au « Clan del Golfo », le cartel de drogue le plus puissant du pays, avec lequel le président Gustavo Petro veut négocier une trêve.

Le massacre aurait été perpétré en représailles contre les membres d’un autre gang local (Los Costeños) dédié au trafic de drogue.

Malgré ces actes de violence, le nouveau président Gustavo Petro, qui avait combattu dans les rangs de la guérilla pendant ses années de jeunesse, semble imperturbable. Il continue d’insister sur son programme de « paix totale » avec les dissidents de la rébellion et les trafiquants de drogue.

Dans une initiative qui a suscité le sarcasme d’une partie de la classe politique, Petro a demandé à Nicolás Maduro, leader du régime vénézuélien déclaré paria sur la scène internationale, d’être « le garant des négociations de paix » que son gouvernement mène avec la guérilla de l'Armée de Libération Nationale (ELN).

Dans son dernier rapport périodique sur la Carte des violations des droits de l'Homme, le Médiateur colombien a révélé qu'au moins 136 leaders sociaux et défenseurs des droits de l'Homme ont été assassinés en Colombie au cours des huit derniers mois.

La Carte des violations du Médiateur vient confirmer avec des chiffres et des faits ce que les Colombiens savent déjà : les dirigeants communautaires et syndicaux sont une cible de prédilection des gangs armés qui pullulent dans le pays.

Depuis l’accession de Petro au pouvoir, les actes de violence ont atteint des proportions inédites, malgré les professions de foi exprimées presque quotidiennement par les nouvelles autorités et qui ne trouvent pas d’écho favorable chez les leaders de la rébellion et les trafiquants de drogue.

La sénatrice Paola Holguin est impitoyable avec cette démarche conciliatrice du nouveau gouvernement. Elle estime que les différentes « structures criminelles » considèrent que cette approche de Petro finira par légaliser leurs « affaires » tout en leur disant « vous n’allez pas être poursuivis ! ».

Sur les réseaux sociaux, une vague d’indignation se propage comme une trainée de poudre après l’annonce du gouvernement de consacrer une enveloppe de 1 milliard de pesos (32 millions de dollars) pour payer des jeunes délinquants afin de les « éloigner » de la sphère criminelle.

Face à cette recrudescence de la violence et l’inertie du nouveau gouvernement de Gustavo Petro pour y faire face, les Colombiens regardent impuissants que les espoirs qu’ils ont placés dans le premier président de gauche s’évanouissent. Ils ironisent que tous les gestes qu’il a entrepris durant le premier mois de son mandat sont adressés aux mouvements de rébellion et aux trafiquants de drogue. Aucun geste en faveur des 11 millions de colombiens qui ont voté pour lui, si ce n’est un projet d’expropriation des pensions privées.

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