Après avoir été l’un des pays les plus sûrs au summum de la pandémie du Covid-19 en 2021, la Chine s’est retrouvée face à des vagues successives du virus en 2022, une situation qui a eu pour effet de remettre en cause la politique mise en œuvre par le pays pour freiner la pandémie.
Les Jeux olympiques d’hiver, que le pays a abrités au début de l’année, a été un test grandeur nature pour la résilience de la Chine face au virus et ses variants. Avec l’arrivée de milliers d’étrangers sur son sol à l’occasion de l’événement planétaire, la Chine a mobilisé les gros moyens pour garantir la sécurité des participants et empêcher l’entrée du virus dans le pays.
La stratégie dite « zéro covid », mise en œuvre depuis le début de la pandémie, avec des confinements sévères, une quasi-fermeture des frontières, des dépistages à grande échelle et un suivi des plus stricts des déplacements, a été renforcée lors des JO.
Une véritable bulle anti-Covid a été déployée, permettant aux autorités chinoises d’honorer leur engagement d’organiser des jeux dans les meilleures conditions sanitaires. Des transports aux sites olympiques en passant par les hébergements, la rigueur était de mise. Rien n’a été laissé au hasard. Après les JO, la Chine a été au rendez-vous avec un retour inquiétant de la pandémie, qui a eu des conséquences visibles sur l’économie de cette deuxième puissance mondiale.
Soucieuses de préserver la santé de la population tout en assurant la stabilité de l’économie, les autorités de ce pays le plus peuplé du monde, n’ont fait montre d’aucun fléchissement dans la mise en œuvre de la stratégie « zéro covid ». Les confinements à grande échelle étaient de retour, notamment dans les grandes métropoles et les grands hubs économiques du pays, dont Beijing et Shanghai. L’impact économique ne s’est pas fait attendre.
Les chiffres officiels ont montré que le Produit Intérieur Brut du pays n’a progressé que de 0,4% au deuxième trimestre de l’année, sa pire performance depuis 2020, avant de rebondir à 3,9% au troisième trimestre. Ces chiffres sont loin du taux de 5,5% de croissance fixé comme objectif pour l’année 2022 par le gouvernement. Le FMI est entré sur le fil pour baisser ses prévisions de croissance pour la Chine à 3,2% en 2022, estimant que le pays demeure sous pression en raison de l'impact de la pandémie.
Une série de mesures ont été dévoilées par le gouvernement central pour soutenir l’économie, garantir sa stabilité et protéger l’emploi, avec à la clé des plans d'investissements dans les infrastructures, des mesures fiscales, des crédits et des facilités de financement en faveur des entreprises, en particulier les PME. La volonté de poursuivre le soutien à l’économie a été réitérée à l’occasion du congrès du parti communiste, tenu en octobre dernier à Beijing.
Le conclave, qui a maintenu le président Xi Jinping au poste de Secrétaire général du comité central de la formation, n’a opéré aucun changement au niveau de la politique anti-Covid. Le souci de permettre à l’économie de reprendre son souffle et l’affaiblissement des variants du Covid, selon les experts de la santé, ont incité les autorités chinoises à opérer, en décembre, un changement radical de leur politique intransigeante face au virus.
Ainsi, les confinements à grande échelle et les placements systématiques des personnes testées positives dans des centres de quarantaine ont pris fin et le recours aux tests d'acides nucléiques obligatoires, y compris pour les personnes voyageant à l'intérieur du pays, est réduit au maximum.
En plus, les voyageurs à l’intérieur du pays ne sont plus appelés à disposer d’un code de voyage numérique pour se déplacer entre les villes et les provinces du pays. Cependant, le pays s’est retrouvé face à une nouvelle envolée des contaminations conjuguée à une hausse des cas de décès liés au Covid-19. Les experts sanitaires du gouvernement rassurent que l’allégement des mesures de contrôle sanitaire est intervenu dans un contexte de taux de létalité réduit du variant Omicron et d’une préparation renforcée du système de santé du pays.
Les experts chinois ont, en revanche, mis en garde contre des vagues d’infections tout au long de l’hiver, tout en assurant que la situation épidémique globale était contrôlable et qu’un retour complet à la normale est attendu au printemps. L’épidémiologiste en chef du centre chinois de prévention et de contrôle des maladies, Wu Zunyou, a mis en garde que la Chine devrait faire face à trois vagues successives de Covid-19 durant l’hiver, une situation qui devrait conduire à la contamination de 10 à 30% de la population.
Les experts gouvernementaux sont montés au créneau pour souligner en chœur que les mesures de contrôle, mises en œuvre par la Chine dans le cadre de la stratégie dite « zéro covid », ont permis de sauver des milliers de vies. Un allègement des mesures de contrôle dès le début de l’année 2022 aurait pu coûter la vie à environ 866.000 jusqu’à 1,04 million de personnes, a souligné M. Wu.
Les analystes estiment que les vagues successives du virus que la Chine a connues tout au long de l’année qui s’achève rendent la situation très imprévisible et ouverte sur toutes les éventualités. Les mois qui viennent devront montrer la direction prochaine du virus et avec lui toute la Chine, indiquent-ils.
