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Argentine en 2022 : quand le football répare les dégâts de la politique, ou presque

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Argentine en 2022 : quand le football répare les dégâts de la politique, ou presque

Au milieu d'une crise politique et économique, des divisions profondes au sein de la coalition au pouvoir comme parmi l’opposition, en passant par la tentative d'assassinat de la vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner, l’équipe nationale d’Argentine remportait la coupe du monde de football au Qatar.

La joie qui a éclaté après le sacre et les images de Messi et ses coéquipier se frayant un chemin entre les foules de 5 millions de personnes à Buenos Aires ont fait oublié, ne serait-ce que des jours durant, la situation pénible que traversent les Argentins étouffés par une inflation sans précédent et d’un pouvoir d’achat en berne.

Au début de la Coupe du monde de Qatar 2022, les médias locaux ont sondé les opinions des citoyens pour savoir s'ils préféreraient gagner la Coupe du monde ou résoudre la problématique de l'inflation, qui a dépassé les 90 % en novembre dernier. La réponse est sans appel : "la coupe du monde d’abord, l’inflation chronique peut attendre".

L'Argentine a donc remporté la Coupe du monde, un titre qu’elle n’a plus décroché depuis 1986, lorsque le défunt Diego Armando Maradona l'a soulevée à Mexico. Au passage, Messi a réalisé le titre qui manquait à son palmarès.

La célébration de cette consécration a relégué au second plan les différences politiques et les couleurs partisanes sont disparues pour laisser place à celles de l’Albiceleste, brandies à travers tout le pays.

Cependant, l'euphorie de la victoire a de nouveau été perturbée par de vives divergences entre le président de la Fédération argentine de football et les autorités gouvernementales autour de l’itinéraire du cortège de l’équipe nationale.

Alors que les champions du monde étaient censés passer à La Casa Rossa, siège de la présidence, pour saluer les foules depuis le balcon du bâtiment, comme le veut la tradition, rien de ce qui a été prévu n’a pu être accompli et le bus décapotable a dû raccourcir la tournée pour des problèmes d’organisation. Les joueurs ont été embarqués dans des hélicoptères qui les ont ramené d'où ils étaient partis. Buenos Aires est rapidement devenue une scène de chaos, de pillages, de vandalisme et d'affrontements avec la police.

Puis l'éclat de la Coupe du monde s'est soudainement estompé, si bien que les Argentins sont revenus à leur réalité douloureuse faite de prix élevés et une monnaie qui continue de se déprécier face au dollar. La valeur du billet de 1.000 pesos ne vaut plus que 2,89 dollars.

Même le Pérou, étouffé par les crises politiques, a réussi à venir à bout de l'inflation. Son billet de 200 sols vaut 52,33 dollars, tandis qu'au Brésil, principal partenaire commercial de l'Argentine, un billet de 200 réais vaut 38,41 dollars.

Même avec des chiffres qui reflètent une bonne reprise en termes de consommation, de tourisme intérieur et de reprise industrielle, la réalité est que l'Argentine, au niveau macroéconomique, ne voit toujours pas le bout du tunnel.

Le président Alberto Fernandez a nommé en août dernier Sergio Massa comme nouveau ministre de l'Économie, avec pour principale mission redresser le taux de change, l'inflation et réduire la pauvreté.

Depuis sa prise de service, l'avocat de 50 ans, qui entretient de bonnes relations avec les secteurs de l'opposition et les hommes d'affaires, a pu établir une relation de confiance avec le Fonds monétaire international et faire avancer un accord pour rééchelonner la dette argentine et revigorer les réserves de change de la Banque centrale.

Mais ce qu'on appelle en Argentine la "fracture" au sein de la coalition au pouvoir, le "Front de tous", entre les proches du président Alberto Fernandez et ceux de sa vice-président, reste l'un des véritables obstacles à une solution pérenne pour les maux chroniques de l’Argentine.

La tentative d'assassinat de la vice-présidente Cristina Fernandez de Kirchner est l'événement politique le plus marquant de cette année et qui continue de focaliser l’attention de la presse locale et internationale. La crise qu’a suscitée cette tentative d’assassinat a été exacerbée par la condamnation de Cristina de Kirchner à six ans de prison pour corruption et l’interdite à vie d'occuper tout poste de responsabilité. Une sentence qui, bien qu’elle ne peut être appliqué en raison de son immunité parlementaire, menace ses ambitions pour se porter candidate à la présidence du pays.

Dans la foulée, la vice-présidente argentine a laissé entendre la possibilité qu'elle se présente à nouveau à la présidence du pays qu'elle a dirigé durant deux mandats (2007-2011) et (2011-2015), un projet qui semble voué à l’échec si la justice confirme cette condamnation.

C’est ainsi que l'Argentine entame 2023, année électorale par excellence où les Argentins choisiront ou de suivre la voie de la gauche empruntée par la majeure partie des pays de la région ou faire l’exception et permettre à la droite de reprendre le pouvoir dans l’un des pays les plus influents de la région.


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