Les étals des marchés s’animent. Les clients s’agacent. Le kilo de poulet, lui, grimpe. En quelques jours, il a gagné près de cinq dirhams sur les marchés de gros, passant de 13 à 18 dirhams à Casablanca. Une envolée inhabituelle à cette période… mais cette année n’a rien d’ordinaire.
L’absence du sacrifice rituel, décidé dans un contexte de sécheresse, a bouleversé les habitudes alimentaires. De nombreuses familles, privées d’agneau ou de mouton, se rabattent sur la volaille. Résultat : la demande explose, les prix aussi.
Ruée dans les marchés
« Les gens font la queue dès l’aube », confie Mohamed Abboud dans une déclaration à Hespress, président de l’Association nationale des éleveurs de poulets de chair. Selon lui, la demande a bondi de 30 à 40 % depuis début juin. Une ruée confirmée par les marchés de Rabat, Marrakech ou Agadir.
À Rabat, Hanane, mère de quatre enfants, a changé son menu. « Le mouton, c’est devenu un luxe. Pour l’Aïd, ce sera tajine de poulet. »
Mais cette hausse inattendue a ouvert la porte à la spéculation. Certains intermédiaires achètent bas, revendent haut. « Ce sont eux les vrais gagnants », déplore Mustapha Montassir, président de l’Association nationale des producteurs de viandes de volailles.
Vers un retour à la normale ?
Dans les boucheries, les prix restent stables, autour de 20 dirhams le kilo. Une manière, pour les commerçants, d’éviter la grogne des ménages. Pas de pénurie à l’horizon, rassurent les professionnels. Les élevages tournent à plein régime. Les stocks sont jugés suffisants pour absorber le pic de consommation. Et les prix ? « Ils redescendront dès vendredi », assure Montassir. « C’est toujours comme ça. L’engouement retombe la veille de l’Aïd. »
En attendant, le poulet est devenu, bien malgré lui, l’invité d’honneur d’un Aïd pas comme les autres.