L'entraîneur de l'équipe nationale, Walid Regragui, vise à devenir le premier manager arabe musulman de la Premier League. Regragui était à la tête des Lions de l'Atlas lorsqu'ils ont écrit l'histoire l'année dernière en devenant la première nation africaine à atteindre une demi-finale de Coupe du Monde. Et malgré la défaite contre la France, le quadragénaire a révélé que ses ambitions personnelles à long terme incluent la première division anglaise.
"Bien sûr, c'est un objectif que j'ai depuis le début de ma carrière. Je le construis lentement", a-t-il déclaré à la BBC World Service, avant de demander : "Quand est-ce que le premier entraîneur arabe ou africain sera-t-il embauché en Premier League ?"
"Nous avons des personnes de couleur mais elles sont Européennes. La Coupe du Monde a montré que nous étions compétents, mais nous attendons qu'un propriétaire ou qu'un président de club ait le courage de nous donner notre chance."
"Deux entraîneurs nés en Afrique ont perdu leur emploi dans les deux premières divisions du football anglais cette saison.
L'ancien milieu de terrain français et d'Arsenal, Patrick Vieira, né au Sénégal, a quitté Crystal Palace en mars, les Eagles étant alors 12e de la Premier League. Vieira avait précédemment déclaré qu'il était "troublé" par le manque de managers de couleur dans les deux principales divisions masculines et féminines en Angleterre.
Un autre ancien joueur d'Arsenal, l'Ivoirien Kolo Toure, a été licencié par les lutteurs du championnat de Wigan en janvier après seulement neuf matchs à la tête de l'équipe.
Nous commençons à avoir des entraîneurs de couleur en Premier League et en France", a poursuivi Regragui.
"Malheureusement, c'est toujours compliqué pour les entraîneurs africains en Europe. Il y a ce manque de confiance, qui peut être légitime même si je ne suis pas d'accord avec cela.
"J'ai grandi en France, j'ai joué au plus haut niveau. Je sais que je suis capable d'entraîner à un très haut niveau, que ce soit en Premier League, en France ou en Espagne.
"La vérité est que j'ai de la chance d'avoir participé à cette Coupe du Monde. Mais quel propriétaire ou quel président de club aura le courage de venir parier sur un entraîneur africain ?" "Je pense cependant que le football est en train de changer."
Un "bastion en Afrique"
"Pour l'instant, l'objectif immédiat reste la Coupe d'Afrique des Nations 2024", dévoile Regragui qui a déclaré précédemment que les joueurs du Maroc ne peuvent pas être "les rois du monde avant d'être les rois de notre continent".
Les Lions de l'Atlas ont été éliminés de l'édition 2021 en quart de finale par l'Égypte.
Le prédécesseur de Regragui, Vahid Halilhodzic, a ensuite rompu avec le Maroc trois mois seulement avant le Qatar 2022 à la suite d'une série de retombées très médiatisées, notamment avec la star Hakim Ziyech.
A ce moment Rergragui, qui venait de mener avec succès le Wydad Casablanca à la fois en championnat national marocain et en Ligue des champions africaine, est entré en scène.
"C'était une surprise. Être entraîneur de l'équipe nationale n'était pas un objectif que j'avais dans l'immédiat", a révélé Regragui.
"Cela est arrivé rapidement pour moi alors que j'aurai préféré avoir de l'expérience en Europe d'abord.
"Cela a été une année extraordinaire pour moi et mon équipe. Nous avons travaillé dur pour réaliser ce rêve et c'est magnifique.
"Nous avons donné beaucoup de bonheur aux Marocains, aux Africains et à cette Coupe du monde. Nous étions une équipe un peu surprise et les gens ont aimé nous voir donner notre maximum absolu.
"Nous devons être des gagnants, nous devons avoir cet état d'esprit. C'est pourquoi je me mets la pression pour donner l'exemple. Et c'est pourquoi, célèbre ici au Maroc, j'ai dit que si nous n'allions pas en demi-finales à la prochaine Coupe d'Afrique, je démissionnerai.
"Au Maroc, nous voulons être une forteresse en Afrique. Et quand nous dominons notre continent, nous pouvons aussi dominer le monde."
La célébrité et le café
Si Regragui parvient à réaliser son ambition de diriger en Premier League, il pourrait devoir apprendre à être son propre barista.
L'ancien arrière droit, qui a commencé sa carrière dans la ville de sa naissance avec Racing Paris avant de rejoindre Toulouse et de remporter 45 sélections pour le Maroc, doit déjà s'adapter aux pièges de la célébrité - tout comme sa famille.
"Il est difficile pour moi de prendre un café à Rabat", a-t-il admis.
"Ma femme m'a dit : 'Pourquoi as-tu emmené l'équipe jusqu'en demi-finale de la Coupe du Monde ? Tu t'es créé plus de problèmes !'
"C'est comme ça. La chose la plus importante pour moi est de voir des gens heureux dans mon pays ; deux ou trois mois après la Coupe du Monde, ils vivent encore ce rêve.
"Le sport a une valeur importante, celle de donner des rêves aux enfants et aux jeunes.
"C'est ce que nous essayons de réaliser en ce moment avec l'équipe nationale. Si cela m'empêche de prendre un café, ce n'est pas un problème."
Traduit par A.B
