Le système judiciaire marocain est secoué par un scandale de corruption. La Brigade nationale de la police judiciaire a présenté, jeudi 14 novembre, un réseau impliqué dans le trafic de jugements devant le procureur général près la Cour d’appel de Rabat. Cette affaire débute par une plainte inattendue : celle de l’ex-épouse d’un magistrat de la Cour d’appel de Tétouan, accusant ce dernier de manipuler des verdicts.
L’affaire a pris une dimension nationale avec un second épisode choquant : un certain « Ould L’Fchouch », impliqué dans un accident au volant d’une Lamborghini, aurait bénéficié d’une liberté provisoire controversée. Face à ces révélations, un magistrat et deux avocats ont été placés en détention provisoire, tandis que d’autres suspects, parmi lesquels des notaires et entrepreneurs, ont été mis en liberté conditionnelle sous strictes mesures judiciaires.
La justice transformée en commerce ?
Mohamed Ghalloussi, président de l’Association marocaine de protection de l’argent public, a tiré la sonnette d’alarme. « Ce scandale est une menace directe pour l’intégrité du système judiciaire. Il transforme les tribunaux en marchés où les droits se négocient », a-t-il déclaré.
Pour Ghalloussi, cette corruption alimente un sentiment d’injustice et érode la confiance des citoyens. Il a également dénoncé une minorité de juges et avocats vivant dans un luxe ostentatoire, incompatible avec leurs revenus officiels. Ces dérives renforcent l’insécurité juridique et aggravent les tensions sociales, a-t-il averti.
Face à l’ampleur du scandale, Ghalloussi appelle à des mesures exemplaires. Il exige des enquêtes approfondies, des poursuites sans faille et la saisie des biens obtenus illicitement. « La justice doit être un rempart, pas une marchandise », a-t-il martelé.