Quatre des principales centrales syndicales marocaines – UMT, CDT, ODT et FSD – ont annoncé une grève généralepour protester contre la politique du gouvernement. Au cœur des revendications : le projet de loi sur la grève, que les syndicats jugent restrictif, et la détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs.
Cependant, dans un contexte marqué par une érosion progressive du pouvoir des syndicats, cette grève soulève des interrogations. Autrefois capable de paralyser l’économie et d’imposer un rapport de force, la grève générale est-elle encore un levier efficace ?
L’influence des syndicats en question
Historiquement, les grèves générales ont été des moments forts du combat social au Maroc. Elles ont souvent poussé le gouvernement à revoir ses positions. Mais aujourd’hui, la baisse du taux de syndicalisation, en particulier dans le secteur privé, limite la capacité de mobilisation. La crainte des représailles et le scepticisme quant à l'efficacité de ces actions freinent l'engagement des travailleurs.
La fragmentation du paysage syndical complique aussi la coordination des actions, affaiblissant la portée des mouvements. Par ailleurs, l'impact économique des grèves s’est réduit : les entreprises et les administrations ont adopté des mécanismes d’adaptation, notamment le télétravail, qui atténuent les effets des débrayages.
Un gouvernement moins sensible aux grèves
Face à ces évolutions, le gouvernement semble moins réactif aux grèves qu’il ne l’était autrefois. L'Exécutif privilégie désormais le dialogue institutionnel et s'appuie sur sa majorité parlementaire pour faire passer ses réformes, réduisant l'influence immédiate des mouvements sociaux.
Les réseaux sociaux et d'autres formes de protestation numériques sont devenus des canaux d'expression alternatifs, diluant l'impact des grèves dans le paysage des contestations populaires.
Un test pour le dialogue social
Cette grève sera un baromètre du rapport de force entre les syndicats et le gouvernement. Une mobilisation massive pourrait contraindre l'Exécutif à rouvrir les discussions sur le projet de loi et d'autres dossiers sensibles, comme la réforme des retraites. En revanche, une participation faible confirmerait l'affaiblissement des syndicats et de leur capacité à peser sur les décisions politiques.
Selon un expert interrogé par Hespress, cette grève pourrait n’avoir qu’un impact limité, loin des mouvements qui ont marqué l'histoire sociale du pays. Cependant, le contexte de hausse des prix et l’imminence des réformes structurellespourraient raviver la contestation, donnant un nouvel écho aux revendications syndicales.
Au-delà de cette journée de mobilisation, les syndicats devront peut-être repenser leurs stratégies pour s’adapter à une société en mutation, où les formes de contestation évoluent et où de nouveaux leviers d’influence prennent le pas sur les grèves traditionnelles.