L’affaire dite de la « gifle du Caïd » à Témara s’apprête à franchir un nouveau cap judiciaire. Le jugement du tribunal de première instance, rendu le 10 avril 2025, n’a satisfait aucune des parties. Résultat : les quatre condamnés, dont Chaïmaa, ainsi que le parquet, ont décidé de faire appel. Une procédure en cours, mais aucune date d’audience n’a encore été fixée devant la Cour d’appel de Rabat.
La jeune femme, devenue symbole d’un affrontement tendu entre autorité et citoyens, a écopé de deux ans de prison ferme pour "atteinte à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions", tout en étant acquittée de l'accusation de rébellion. Son mari a été condamné à un an de prison ferme pour outrage, tandis que deux autres individus impliqués ont reçu six mois ferme chacun pour des faits similaires. Ils ont tous dix jours pour faire appel, un délai désormais enclenché.
Une gifle virale… et judiciaire
L’affaire a explosé sur les réseaux sociaux après la diffusion d’une vidéo où l’on voit le Caïd gifler Chaïmaa, dans un contexte de forte tension. Rapidement, les réactions se sont multipliées, entre défense des droits des citoyens et soutien à l’autorité publique. Le Caïd, de son côté, a produit un certificat médical de 30 jours pour justifier une incapacité, ce que la défense conteste vivement.
L’avocat Mohamed El Houssaini Karrout, qui représente Chaïmaa, affirme que le certificat est en réalité un arrêt de repos, sans lien avec une incapacité fonctionnelle réelle. Cette clarification vise à contrer les rumeurs selon lesquelles la gifle aurait causé un préjudice physique grave au Caïd.
Accusations croisées et flou judiciaire
Durant la phase d’enquête, des accusations ont surgi : Chaïmaa aurait souffert de "saignements aigus" après son interpellation. Ces allégations ont alimenté une vive polémique entre les avocats des deux camps, chacun contestant la version adverse. Ce climat houleux renforce l'attente autour du procès en appel.
Une affaire symbolique
Au-delà du cas individuel, l’affaire Chaïmaa devient un révélateur des tensions entre autorité administrative et citoyens, dans un pays où la captation vidéo et les réseaux sociaux modifient les équilibres traditionnels du rapport au pouvoir. La justice est désormais sommée de trancher avec clarté sur des faits devenus autant juridiques que politiques.