Martil, début de matinée. Le soleil monte lentement au-dessus de l’Atlantique. Sur la plage, les premiers vacanciers étendent leurs serviettes, sans qu’aucun rabatteur ne vienne leur louer de force un parasol ou une chaise. L’espace est ouvert, fluide, et surtout… public.
« C’est la première fois depuis des années que je peux choisir ma place sans me faire crier dessus », confie Yassine, un habitant de Tétouan venu passer la journée en famille. « Avant, tu posais ton sac et une minute après, on te demandait de payer. Même pour t’asseoir sur le sable. »
Depuis une semaine, les autorités locales mènent une opération coup de poing contre les occupations illégales du littoral. Objectif : faire tomber les installations sauvages – parasols, chaises, tentes – plantées sans autorisation et souvent louées à prix fort.
Les agents municipaux sillonnent la plage, désinstallent les structures, et veillent à ce que personne ne s’approprie l’espace commun. Une initiative saluée par les promeneurs et baigneurs croisés sur le sable.
« C’était devenu invivable. Chaque été, la plage se transformait en marché à ciel ouvert. Des zones entières étaient bloquées, interdites aux familles qui ne payaient pas », explique Soukaina, membre d’une association locale. « L’espace balnéaire n’est pas à vendre. C’est un bien commun. »
Dans les cafés en bordure de corniche, le sujet anime les conversations. « C’est une bonne chose, mais il faudra que ça dure », glisse un serveur. « Souvent, les campagnes commencent fort puis s’arrêtent dès que la pression retombe. »
À Martil, le ton est donné. Les estivants veulent que l’opération inspire d’autres villes balnéaires. D’Asilah à Mohammedia, d’Essaouira à Saïdia, les plages marocaines font face aux mêmes dérives : occupation abusive, prix imposés, tensions avec les familles.
Dans un post partagé sur les réseaux sociaux, un internaute résume la pensée générale : « L’été appartient à tout le monde. Pas à ceux qui posent des parasols comme s’ils achetaient le sable. »