Quelques heures avant son concert, Hajib prend la parole. Dans la salle de presse du festival Mawazine, pas de fioritures. L’artiste va droit au but. La Aïta, dit-il, ne peut être réduite à un folklore de circonstance. « C’est une musique qui raconte la vie, les luttes, les espoirs », affirme-t-il, d’un ton ferme.
Pour lui, la Aïta est un cri ancien, tissé dans le quotidien des gens. Une forme musicale enracinée dans l’histoire, qui porte la mémoire collective du Maroc. Il ne s’agit pas seulement de l’interpréter, mais de la comprendre, la respecter, la transmettre.
Hajib se dit confiant. Il estime que l’art de la Aïta est « entre de bonnes mains ». Il salue le travail de fond mené par des chercheurs, universitaires et passionnés qui la documentent et la protègent. Un effort qui dépasse la scène et engage tout un écosystème culturel.
Mais il reste vigilant. À ses yeux, les transformations abusives et les interprétations dénaturées fragilisent l’essence même du genre. « La préservation de l’identité de la chanson patrimoniale est une responsabilité collective », rappelle-t-il. L’artiste n’est pas seul dans cette mission. Le public, les institutions, les créateurs ont tous un rôle à jouer.
Pour Hajib, le vrai enjeu est là : transmettre. Non pas réinventer à tout prix, mais faire vivre la Aïta dans ce qu’elle a de plus pur. Il défend une modernité enracinée, une continuité qui ne trahit pas l’original. « Il faut transmettre la Aïta telle qu’on l’a reçue : pure, authentique, pleine de sens », insiste-t-il.
Son concert, quelques heures plus tard, illustrera ce discours. Une prestation fidèle à l’esprit du genre. Une manière de dire que l’art populaire marocain peut continuer à vibrer, à condition de rester sincère.
