Du 19 au 21 juin, la médina, les remparts et la plage d’Essaouira ont vibré au rythme de la 26ᵉ édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde. Pendant trois jours, le guembri, les tambours et les voix gnaoua ont dialogué avec le jazz, l’afrobeat et les sonorités du monde.
La grande scène Moulay Hassan a été le théâtre de fusions audacieuses. De l’ouverture maroco-sénégalaise portée par Hamid El Kasri et la compagnie Bakalama, aux envolées jazz de Houssam Gania et Marcus Gilmore, chaque concert a tissé des passerelles musicales inédites. Avec 350 artistes issus d’une douzaine de pays et 40 Maâlems présents, le festival a offert une programmation d’une richesse rare.
Un public fidèle et acteur
Plus de 300 000 festivaliers ont répondu présent. Étudiants, familles, visiteurs étrangers, anciens et nouveaux venus ont investi les rues, les cafés et les scènes d’Essaouira. Une foule attentive et participative, qui ne se contente pas d’écouter : elle vit la musique.
Le public du Gnaoua n’est jamais passif. Il danse, il échange, il questionne. Il fait corps avec l’événement, porteur d’une mémoire collective et d’un élan partagé. À Essaouira, la musique ne divise pas, elle rassemble.
Le Forum des Droits Humains interroge la migration
En parallèle des concerts, le Forum des Droits Humains a exploré cette année les liens entre mobilités humaines et dynamiques culturelles. Écrivains, cinéastes, chercheurs et artistes ont croisé leurs regards sur les enjeux identitaires et créatifs des migrations.
Parmi les temps forts : les interventions de Véronique Tadjo, Pascal Blanchard, Elia Suleiman ou encore Faouzi Bensaïdi. Tous ont souligné que la mobilité humaine, souvent douloureuse, est aussi une source de création et un acte d’affirmation. Un dialogue profond sur les liens entre mémoire, exil et expression artistique.
Les Maâlems au cœur du débat
Deux tables rondes inédites, organisées par la Chaire UM6P des Croisements culturels, ont donné la parole aux Maâlems. En face, chercheurs et penseurs. Ensemble, ils ont abordé la question de la transmission du patrimoine vivant, loin des archives figées.
Un échange rare, nourri par l’écoute mutuelle. Une manière de reconnaître la valeur des savoirs oraux et corporels dans un monde en perpétuelle transformation. Le patrimoine y apparaît non comme un héritage statique, mais comme une matière en mouvement.
Des scènes disséminées dans la ville
Essaouira tout entière est devenue scène. De la plage aux zaouïas, du Borj Bab Marrakech à Bayt Dakira, les concerts se sont succédé. Jeunes Maâlems, artistes internationaux, groupes fusion : tous ont fait vibrer la ville.
Moment marquant : le concert de Fehd Benchemsi & The Lallas. Une foule compacte, une énergie brute, une communion générationnelle entre rock, gnaoua et chaâbi. Une clôture festive, poétique, profondément souirie.
Transmission et ouverture internationale
Le programme « Berklee at Gnaoua Festival » a réuni 74 jeunes musiciens venus de 23 pays autour d’ateliers et de résidences menés par les professeurs du Berklee College of Music. Une formation de haut niveau, en phase avec l’esprit du festival : transmission, métissage, excellence.
Côté médiatique, plus de 250 journalistes du monde entier ont couvert l’événement, renforçant son rayonnement bien au-delà des frontières marocaines. Une visibilité internationale à la hauteur de la portée culturelle du festival.
Le Festival Gnaoua 2025 s’est refermé sur une promesse : faire de la musique un langage commun, faire d’Essaouira un laboratoire vivant. Rendez-vous est donné du 25 au 27 juin 2026 pour la 27ᵉ édition, avec la même ambition : faire vibrer les frontières.