L’attaque américaine sur l’Iran, survenue dimanche matin, n’a pas déclenché la flambée redoutée des prix du pétrole. Le baril de Brent a brièvement bondi lundi, atteignant 81,40 dollars, avant de retomber autour de 77 dollars. Une réaction modérée, signe que le marché reste pour l’instant en alerte, sans panique.
Le scénario d’une riposte iranienne sur le détroit d’Ormuz, par où transitent 20 % du pétrole mondial, est encore jugé peu probable. Aucun blocage n’a été signalé à ce stade. « Les investisseurs n’anticipent pas encore de perturbation majeure », résume Daniela Sabin Hathorn, analyste chez Capital.com.
Nœud stratégique de l’approvisionnement mondial, le détroit d’Ormuz reste sous l’œil des puissances navales, à commencer par les États-Unis. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a averti que toute tentative de blocus serait « un suicide économique » pour Téhéran, dont les exportations de brut dépendent entièrement de cette voie maritime.
Chaque jour, plus de 20 millions de barils y circulent. Un arrêt prolongé ferait grimper les prix au-delà des 100 dollars, selon les analystes. Mais pour l’instant, l’hypothèse d’un conflit naval prolongé semble écartée. « Un blocus total est très improbable », assure Ole Hvalbye, de SEB, même s’il n’exclut pas des attaques ciblées.
L’Iran, neuvième producteur mondial, fournit 3,3 millions de barils par jour. Ses installations pétrolières, vulnérables, pourraient devenir des cibles en cas d’escalade. C’est ce qui pousse, selon certains analystes, la République islamique à la retenue. La Chine, principal acheteur de son pétrole, serait aussi impactée en cas de perturbation majeure.
Pour Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank, « ce manque de réaction du marché est fascinant ». Elle souligne que le risque géopolitique est déjà intégré depuis le déclenchement du conflit mi-juin entre l’Iran et Israël.
La prime de risque actuelle, estimée à 10 dollars le baril, pourrait se résorber grâce à plusieurs facteurs : la libération des réserves stratégiques, notamment aux États-Unis et en Chine, ou la redirection partielle des flux via les pipelines d’Arabie saoudite et des Émirats.
Même si ces alternatives restent limitées en capacité, l’Opep+ dispose de marges de manœuvre. Sa capacité inexploitée est estimée à 5,2 millions de barils par jour. Pour l’heure, le marché joue la carte de la prudence. L’équation énergétique reste suspendue à un fil… mais le baril, lui, tient toujours.