Ce sont des extraits postés sur TikTok et d’autres réseaux sociaux qui ont mis la puce à l’oreille aux services de renseignement des douanes. Des Marocains basés au pays et à l’étranger, notamment en Chine, y exposaient sans filtre des produits contrefaits, tout en révélant des failles dans le dispositif douanier.
Les images ont attiré l’attention du service de prévention de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), qui a lancé une opération de surveillance numérique couplée à un audit ciblé.
Failles aux frontières, flux sous surveillance
L’enquête a rapidement mis en lumière des irrégularités dans les contrôles aux frontières. Les ports de Tanger Med, de Casablanca, ainsi que l’aéroport Mohammed V, sont au cœur de cette opération.
Les services de contrôle s’intéressent particulièrement à des manipulations de factures et de déclarations douanières, destinées à faire passer de grandes quantités de vêtements et chaussures contrefaits. La majorité des marchandises proviendraient de Chine et de Hong Kong.
Entrepôts dissimulés, boutiques ciblées
Des rapports confidentiels, transmis par des intermédiaires marocains installés à l’étranger, ont révélé l’existence de circuits organisés de distribution. Des adresses de boutiques à Casablanca, Tanger et Agadir ont été identifiées, ainsi que des entrepôts situés entre Rabat et Casablanca, notamment à Mohammedia, El Jadida et Témara.
Parallèlement, les équipes douanières ont remonté des filières locales de production. Plusieurs ateliers clandestins ont été découverts en périphérie de Casablanca, où des tissus légalement importés servaient à fabriquer des copies de grandes marques, écoulées ensuite dans des points de vente affichant un vernis de légalité.
Près de 2 millions d’articles saisis en un an
Les derniers chiffres confirment l’ampleur du phénomène. En une seule année, les douanes ont intercepté plus de 2 millions d’articles contrefaits, pour une valeur estimée à 19,9 millions de dirhams. Les saisies ont augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente.
Dans le même temps, 622 demandes de suspension de mise en circulation ont été traitées, contre 682 l’année précédente, preuve d’une vigilance accrue malgré la complexité croissante des circuits.
Une traque connectée
L’affaire illustre l’évolution des méthodes des trafiquants, qui misent désormais sur les réseaux sociaux pour écouler leurs produits. Mais elle montre aussi la capacité d’adaptation des services douaniers, désormais connectés à ces canaux numériques pour mieux cibler leurs opérations.
L’enquête se poursuit. Et pourrait bien remonter jusqu’à des réseaux structurés, impliquant des acteurs opérant aussi bien à l’import qu’au niveau local.
