Lors d’une conférence régionale du Parti de la Justice et du Développement (PJD) à Souss-Massa, Abdelilah Benkirane a conseillé aux jeunes filles de privilégier le mariage à la poursuite d’études longues. Des propos qui ont déclenché une vive polémique sur les réseaux sociaux et dans les milieux associatifs.
Face à la tempête, l’ancien chef du gouvernement est sorti du silence. Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, il réaffirme ses propos sans détour : « Je ne crains pas les mouvements féministes, marocains ou étrangers. »
Benkirane se justifie et parle de « campagne coordonnée »
Revenant sur ses déclarations, Benkirane assure qu’il n’a jamais été opposé à l’éducation des femmes : « Je crois au droit des femmes à l’apprentissage, autant qu’à leur liberté de choix. » Il dénonce une campagne menée, selon lui, par des acteurs identifiés, à des fins politiques à l’approche des législatives.
Selon lui, repousser une demande en mariage pour terminer ses études serait une erreur. Il va plus loin, qualifiant cette attitude de « crime contre les femmes », expliquant que certaines, diplômées mais avancées en âge, se retrouvent célibataires par défaut.
Soutien du PJD, indignation des associations
Le Bureau exécutif de l’Organisation des femmes du PJD a publié un communiqué pour défendre Benkirane. Il accuse une mauvaise interprétation de ses propos et rappelle que son intervention visait à encourager un équilibre entre vie académique et stabilité familiale.
Mais cette ligne de défense n’a pas convaincu les associations féministes. La « Coordination des femmes pour un changement global et profond du Code de la famille » a fustigé des propos qu’elle juge « rétrogrades » et « hostiles aux droits des femmes ». Elle dénonce une volonté de contrôler les choix féminins et de maintenir les femmes dans l’ignorance.
Un débat relancé sur les libertés individuelles
Au-delà de la controverse autour de Benkirane, cet épisode relance le débat sur la place des femmes dans la société, l’autonomie des choix individuels et la frontière entre valeurs culturelles et droits fondamentaux.
Pour certains, les propos du leader islamiste traduisent une vision dépassée. Pour d’autres, ils résonnent comme un appel à revenir à des repères sociaux traditionnels. Une chose est sûre : la question de l’articulation entre éducation, liberté et institution du mariage continue de faire débat au Maroc.
