Le projet de baisse des prix des médicaments, porté par le ministère de la Santé, déclenche un vif affrontement. Pharmaciens d’un côté, défenseurs des consommateurs de l’autre. Au centre, un enjeu vital : l’accès équitable aux traitements.
La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc rejette en bloc le projet de décret. Selon elle, la réforme menace l’équilibre économique des officines et compromet la sécurité de l’approvisionnement national. Pour faire pression, elle brandit la menace d’une grève nationale. Un arrêt de travail massif pourrait bloquer l’accès aux médicaments à travers le pays.
En réaction, la Fédération nationale des associations de consommateurs (FNAC) contre-attaque. Dans un communiqué, elle s’étonne de l’hostilité des pharmaciens, qu’elle juge contraire à l’éthique professionnelle. Pour elle, cette réforme est une étape vers une santé plus accessible, un droit garanti par la Constitution.
Chantage ou dialogue ?
La FNAC va plus loin. Elle qualifie la menace de grève de chantage syndical, qui mettrait en péril la santé de milliers de patients. Elle appelle les autorités à résister à cette pression, et exige une régulation plus stricte du secteur. Transparence des prix, lutte contre les pratiques monopolistiques, et enquête sur d’éventuelles ententes sont à l’ordre du jour.
« La dignité du pharmacien ne doit pas s’opposer à celle du citoyen », martèle la Fédération. Pour elle, le médicament doit rester un bien public, et son prix un sujet d’intérêt général, non un levier de conflit corporatiste.
Une voix discordante chez les pharmaciens
Mais la contestation ne fait pas l’unanimité dans le secteur. Le Syndicat national des pharmaciens du Maroc s’est désolidarisé de cette escalade. Son président, Abderrazak El Manfalouti, s’interroge sur le timing de cette mobilisation, et rappelle que des discussions sont en cours avec le ministère.
Le syndicat met en garde contre les dérives opportunistes, susceptibles d’affaiblir l’unité du corps pharmaceutique. Il réaffirme son attachement au dialogue, dans le respect des intérêts des professionnels… et des patients.
Vers un compromis ?
Dans un climat marqué par l’inflation et la pression sur le pouvoir d’achat, la question du coût des médicaments devient explosive. Pour la FNAC, la réforme est une nécessité. Pour la Confédération des pharmaciens, elle est un danger.
Le ministère de la Santé, pour l’instant, reste silencieux. Mais face à l’intensité des débats, il lui faudra trancher. Entre intérêt général et équilibre du secteur, la marge de manœuvre s’annonce étroite.
