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Séisme d’Al Haouz : deux ans après, la colère des oubliés de la reconstruction

Par EL BARHRASSI Meryem -le

Séisme d’Al Haouz : deux ans après, la colère des oubliés de la reconstruction
Devant le Parlement à Rabat, des rescapés du tremblement de terre de 2023 ont dénoncé leur mise à l’écart du programme d’aide publique. Malgré des milliards engagés et des milliers de logements reconstruits, certains vivent encore dans des abris précaires.

Le 8 septembre 2023, le Haut-Atlas tremblait et emportait près de 3.000 vies, laissant plus de 55.000 habitations endommagées. Deux ans plus tard, la cicatrice reste béante pour une partie des sinistrés. Lundi 8 septembre 2025, plusieurs dizaines d’entre eux ont manifesté devant le Parlement à Rabat. Ils accusent l’administration de les avoir « exclus » du programme officiel de reconstruction.

 

Sous une chaleur écrasante, les pancartes parlaient d’elles-mêmes : « Un toit pour chaque vie, la dignité n’a pas de prix », « Non à l’exclusion, non à la marginalisation ». Ibrahim Achkijou, rescapé de la région de Marrakech, témoigne : « Nous avons perdu notre maison (…) mais nous avons été exclus des aides sans explications. C’est une grande injustice » (AFP). À ses côtés, Aïcha Ouchane confie vivre encore « dans des conditions difficiles dans un garage », privée de toute aide : « On nous dit ne pas avoir le droit à l’aide, ce qui n’est pas normal » (AFP).

 

Des milliards mobilisés, mais des zones laissées pour compte

 

Selon le ministère de l’Agriculture, 45.880 logements ont été reconstruits dans les provinces d’Al Haouz, Chichaoua, Taroudant et la ville de Marrakech. L’effort public a mobilisé plus de 4,2 milliards de dirhams pour la réhabilitation et la reconstruction, auxquels s’ajoutent 2,4 milliards de dirhams versés sous forme d’allocations mensuelles de 2.500 dirhams aux familles sinistrées.

 

Mais ce bilan officiel ne couvre pas tout le territoire touché. Les provinces de Ouarzazate et d’Azilal n’y figurent pas. Une omission lourde de conséquences pour des familles qui, faute d’infrastructures ou de reconnaissance administrative, continuent de vivre dans des abris temporaires. Deux ans après, certaines attendent toujours la concrétisation de promesses d’aide répétées mais jamais honorées.

 

Une fracture qui interroge

 

L’État a déployé des moyens inédits pour relever les zones sinistrées. Nul ne peut nier l’effort colossal consenti, dans la continuité des Hautes Orientations Royales, pour reconstruire, indemniser et accompagner. Pourtant, le spectacle de familles contraintes de camper dans des conditions indignes à deux pas du Parlement vient rappeler une vérité dérangeante : les chiffres ne suffisent pas à panser les plaies.

 

Ce mouvement des rescapés met en lumière une faille : entre les annonces officielles et la réalité du terrain, il y a parfois un gouffre. Et ce gouffre nourrit la colère. Un pays qui a su mobiliser l’élan national et international dans l’urgence ne peut se permettre de laisser dans l’oubli ceux qui ont tout perdu. À l’heure où le Maroc se veut vitrine de stabilité et de modernité, ces voix venues des montagnes du Haut-Atlas rappellent que la dignité ne se compte pas en milliards, mais en actes concrets.


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